Par Camille Roy, Psychoéducatrice en pédopsychiatrie au CHUS Fleurimont
C’est maintenant le temps des festivités et les patients que je côtoie ont de plus en plus froid et sont également plutôt nerveux. L’idée du ragoût de matante Ginette, du brunch garni de bacon chez le cousin Fred et les remarques sur l’apparence physique de tous et chacun est loin de les faire sauter de joie.
La question : comment vivre le temps des fêtes avec un trouble alimentaire (TA)? Évidemment, il n’y a pas de réponse miracle et je ne suis pas encore magicienne, malheureusement! Je peux toutefois me prononcer sur ce que je suggère à mes patients et ce qu’ils identifient comme soutenant pour prendre plaisir pendant cette période particulière.
Une première idée serait de parler du trouble alimentaire aux personnes significatives et regarder comment ils peuvent être des alliés, sans accommoder le TA. Est-ce qu’un parent, un conjoint, la fratrie pourrait s’occuper d’expliquer la situation et sensibiliser la famille élargie ou les amis aux sujets de discussion qui peuvent être plus sensibles? J’inclue les commentaires sur l’apparence physique, sur les changements du physique, les aliments ingérés ou la quantité de nourriture mangée et les regards trop curieux, entre autres. Invitons les proches à parler de leur film préféré, du dernier roman qu’ils ont lu, des passions qui les habitent. Renforçons le plaisir d’être ensemble, dans la bienveillance, sans jugement.
Évidemment, on ne peut pas tout épargné, mais prévenir ne nuira jamais.
Autrement, si le fait de manger le repas chez la visite est un défi démesuré, sensibiliser les personnes et apporter sa nourriture peut être une option. L’important c’est de ne pas s’isoler pour épargner le trouble alimentaire. L’isolement n’est jamais bien gagnant pour s’affranchir de ce trouble. Tout le monde mérite d’être entouré dans ces moments de gaieté (oui oui, toi y compris). Et rapidement, après le repas on s’active, c’est le bon moment de sortir le jeu de scrabble.
Pour les ados, une bonne idée avant d’arriver chez grand-mère, serait d’établir un ‘plan de match’ avec ses parents, pour convenir des attentes et que tout le monde puisse profiter, une fois rendus à la fête.
Aussi, ne pas oublier que les activités de groupe entre les repas existent! Patiner, écouter un film en famille, sortir les jeux de société qu’on a oublié, faire un karaoké maison, jouer à un jeu questionnaire sont de bons exemples de jeux et d’activités à faire en groupe. Les possibilités sont infinies.
On laisse le TA de côté et on s’amuse!
J’invite également mes patients à prendre le temps de se connecter avec eux-même. Se questionner sur les sentiments présents ici et maintenant. De prendre le temps de faire le point et d’être authentique avec soi. Besoin de s’exprimer? Pourquoi ne pas débuter un journal créatif pour la nouvelle année? Il s’agit de prendre un moment et d’exprimer son monde intérieur dans un assemblage d’écriture et d’art visuel. La qualité de l’œuvre n’importe pas, juste se retrouver.
La bienveillance est la clef, même si les recettes miracles n’existent pas.
Laissons place à la magie des fêtes!
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Toujours des biens beaux mots cette Camille!