Après presque 8 ans de tourments autour de la nourriture, j’ai récemment compris l’incompréhension de la population face à l’anorexie et la boulimie. Dans les derniers mois, j’ai eu une grande prise de conscience face aux préjugés sur les troubles de santé mentale.
Une merveilleuse personne très proche de moi souffre occasionnellement de crises d’anxiété. Lorsqu’elle vit un épisode de panique, elle m’explique qu’elle se sent comme si elle faisait une crise cardiaque. Ma réaction face à cette sensation: « Bin voyons! Ça n’a aucun sens, tu n’es clairement pas en train de faire un infarctus! ». Et puis, j’ai réalisé: j’ai beaucoup de difficulté à comprendre l’anxiété. Étant dans le domaine de la santé, j’aime avoir des explications logiques pour chaque pathologie dont mes patients souffrent. Pour moi, c’est simple; une crise d’asthme s’explique grossièrement par une inflammation des bronches, une bronchoconstriction et une sécrétion accrue de mucus. La physiopathologie explique si bien et de façon logique la majorité des maladies. Par contre, aucune explication concrète ne permet de comprendre avec logique les troubles de santé mentale.
Où je veux en venir avec cette anecdote? C’est en fait à ce moment que j’ai réalisé que nous sommes tous humains et que l’incompréhension face aux troubles alimentaires est tout à fait normale. Que je faisais moi-même face à l’incompréhension relative à certains troubles de santé mentale auxquels j’ai été moins exposée, dans mon histoire, les crises d’anxiété. Il est inutile d’avoir de la rancœur face aux personnes qui sont incapables de bien comprendre les troubles alimentaires. Toutefois, on peut prendre un moment pour bien leur expliquer et les inviter à lire sur le sujet pour en apprendre davantage. Et bien sûr, plus nous parlerons de la maladie, plus les préjugés diminueront!
De mon côté, à tous ceux qui me demandent de leur expliquer la boulimie, je dis souvent que la nourriture est la drogue de la bonne petite fille ou du bon petit gars. Tout à fait légale et disponible partout, la bouffe est rapidement devenue à la fois ma meilleure amie et ma pire ennemie. Peu importe l’émotion que je ressentais, la nourriture étant toujours à mes côtés pour geler mon trop plein d’émotions.
Par contre, malgré les difficultés et mon combat passé avec la maladie durant toutes ces années, mon vécu en lien avec les troubles alimentaires et mon cheminement m’ont permis de forger mon caractère et m’ont aidée à bâtir la jeune femme épanouie et accomplie que je suis maintenant. Aujourd’hui, je peux fièrement dire que j’adore ma vie et que je suis enfin heureuse! Et que je n’hésite pas à aider les gens à mieux comprendre la maladie et à apprendre à communiquer pour demeurer empathique envers une personne qui en est atteinte.
Myriam
Merci à Dominique Laliberté pour la révision!