Être maman, est-ce possible pour moi?
Je pouvais enfanter OUI, mais être MAMAN? Quel contrat nécessitant de grandes chaussures. Selon le dictionnaire Larousse, la définition de maman est« le terme par lequel un enfant appelle sa mère ». Selon MOI, être maman c’est aimer sans condition, c’est protéger et respecter un enfant tout en ayant la capacité de travailler sur ses propres blessures afin de pouvoir le guider dans la vie.
J’ai longtemps cru qu’il était impossible pour moi d’être maman, et encore moins d’être une bonne maman. Comment imaginer être maman quand tu as grandi, en grande partie, dans un environnement malsain? Sur quel modèle se baser pour fonder ses valeurs?
La vie s’est occupée de m’offrir une autre vision ainsi que l’ouverture nécessaire pour vouloir fonder une famille, et concevoir que je pouvais construire ma propre fondation, en me basant sur mon instinct et sur mon cœur. Toutefois, dès le premier jour où j’ai su que j’étais enceinte, j’ai pleuré de peur et un peu de joie, mais majoritairement de panique. Je suis sans doute passée par plusieurs autres émotions non identifiées, pour ensuite terminer ma journée couchée dans mon lit, vide d’émotion, sans réaction. « Euh… je suis enceinte? Moi? Que vais-je faire avec un enfant? Ça ne se peut pas! » Moi qui pendant plusieurs années ai fui l’amour et qui ai érigé naturellement une barricade de protection dans mes relations amoureuses, allais-je pouvoir aimer cet enfant, MON enfant? Allais-je pouvoir l’aimer inconditionnellement? Je me suis même retrouvée à croire que je ne le méritais pas, car pourquoi l’univers voudrait que moi je sois la maman d’un enfant? Qu’est-ce qu’avoir un enfant finalement? En 24 heures, j’ai vécu aux bas mots 24 dédoublements de personnalité et j’étais incapable de comprendre le fruit de mes sentiments. J’ai sans doute mis le blâme sur mes hormones à ce moment, mais aujourd’hui je sais très bien que j’avais « simplement » peur. Peur de ne pas être à la hauteur puisque je portais les gènes de l’enfant trouble, de l’enfant abusé, de la fille boulimique, de l’ado anorexique, de la fille avec un passé de droguée et de grande perturbée.
Pour me sécuriser, j’ai pris une feuille et un crayon et j’ai déposé sur cette feuille des mots comme lorsqu’on écrit un plan d’affaires. J’y ai indiqué le genre de maman je me voyais être. Devant une feuille blanche et très, très vide, je me demandais d’indiquer les valeurs que je tenais à respecter. J’ai ajouté mes règles, ainsi que mes peurs et mes craintes. Après discussion, mon conjoint et moi avons décidé de définir notre propre plan de valeurs familiales. Il était important pour nous de guider notre ou nos enfants, de les aimer, de les sécuriser avec beaucoup d’empathie, de d’abord les protéger et de toujours les respecter. Dans mes plus grandes peurs, j’ai noté que j’avais peur qu’ils subissent l’abus d’un adulte. Ayant été victime d’agression sexuelle, je sais, malgré le cheminement que j’ai fait, que je ne souhaite à personne que ces images deviennent réalité dans leurs tiroirs de mémoire pour l’éternité. Je sais toutefois qu’il est impossible pour moi de les surprotéger sans les étouffer, l’équilibre a donc été un nouveau mot que j’ai dû ajouter à notre plan familial. J’ai toujours eu peur de transmettre mes antécédents de troubles alimentaires à mes enfants et davantage si j’avais eu une fille. J’ai longuement souhaité avoir seulement des garçons pour minimiser cette possibilité, ou pour minimiser la pression sociale sur les filles, mais j’ai compris que, malgré le fait que mes deux enfants sont des garçons, ils étaient autant à risque de développer un trouble alimentaire que n’importe quel autre enfant, donc j’ai également dû ajouter à mon plan familial les mots confiance et lâcher prise. Lâcher prise…ouf! Moi qui devais lâcher prise de ma barrière de protection et faire confiance à la vie. Par amour pour mes enfants, j’ai décidé au cours des dernières années, de fournir les efforts nécessaires et de surmonter mon propre Everest de peur. J’ai dû transformer ma protection métallique en force et en souplesse pour être résistante avec un éclat de liberté. J’ai dû apprendre à m’ajuster, à m’adapter et à me faire confiance. J’avais visiblement oublié dans ma liste ma force la plus grande, la plus dominante de toutes: MON CŒUR. Il est assez GRAND et PUISSANT pour nous protéger tous et nous guider dans la vie. Quand je doute et que j’ai l’instinct de vouloir manger mes émotions, il est signe pour moi que c’est le temps de prendre une pause, et de me ressourcer vers mes valeurs. Le temps d’essayer de comprendre l’élément déclencheur qui me déstabilise dans le moment présent pour y faire face. Il est impossible de vivre en équilibre si je ne fais pas face à mon propre miroir d’émotions n’est-ce pas?
JE SUIS maman parfaitement imparfaite avec beaucoup d’amour à donner!
Martine Calce
Merci pour cet article, vraimment super 😉