La réussite et la performance sont des valeurs abondamment véhiculées dans la société actuelle : réussir au niveau personnel, professionnel et même relationnel devient un véritable objectif à atteindre. Mais à quel moment le besoin de performer devient-il un poids lourd à porter?
Viser la réussite n’est pas mauvais en soi. Au contraire, cela nous amène à persévérer, se dépasser et s’actualiser. Le désir de performer peut cependant cacher un côté pervers, puisqu’il peut se transformer en besoin de réussir à tout prix, voire en désir d’atteindre la perfection. Il devient alors primordial de performer dans tous les domaines et il s’avère de plus en plus difficile de ressentir du plaisir puisque la réussite est tout ce qui importe. Il s’agit bel et bien du revers de la médaille puisque la réussite peut aussi engendrer une pression de réussir en permanence, ce qui n’est ni réaliste ni atteignable : « Je veux réussir dans tout, tout le temps. »
Le fait de viser une réussite constante peut aussi impliquer que tout ce qui n’est pas parfait devient un échec. Avoir 100% est satisfaisant, mais tout ce qui se trouve sous ce seuil est perçu comme un échec : avoir 80% devient ainsi l’équivalent de 0%. La moindre difficulté ou erreur est perçue comme un véritable échec et amène la personne à se dévaloriser. De plus, il peut arriver que même le fait d’avoir 100% ne soit plus satisfaisant… C’est en fait le piège de la réussite, c’est-à-dire que performer implique une pression, mais ne pas réussir à la perfection entraîne une grande dévalorisation. Par ailleurs, le fait de viser la perfection devient littéralement… essoufflant! Non seulement il y a une pression importante, mais il devient extrêmement exigeant de remplir de tels critères. Cela suggère que pour atteindre ses objectifs idéaux, la personne peut en venir à ne pas écouter les limites de son corps et peut se blesser, tomber malade, s’épuiser, etc.
Il faut savoir s’arrêter pour relativiser afin de se sortir de cette impasse : avoir 80% correspond bel et bien à une valeur de 80 et non de 0! De plus, la valeur obtenue n’est pas un indicatif de MA valeur, mais bien de ce que j’accomplis. Il faut également garder en tête que le résultat n’est pas tout ce qui compte ; l’énergie et le temps que l’on investit, l’expérience que l’on acquiert, le plaisir que l’on peut avoir à réaliser une tache sont également très importants, et plus valorisants que le résultat uniquement.
Il importe enfin de se souvenir que la réussite n’est pas la même pour chacun. Ce que j’atteins comme objectif peut m’être tout à fait satisfaisant, mais irréaliste pour mon collègue… et vice versa. Puisque le niveau de satisfaction varie d’une personne à l’autre, la performance sera immanquablement perçue de manière différente. C’est pourquoi il faut viser ses propres objectifs, apprendre à être satisfait lorsqu’ils sont atteints et faire preuve d’indulgence envers soi-même. Je termine en citant une participante d’une séance de clavardage qui résume très bien le besoin de relativiser pour se sentir satisfait de soi-même et non de se comparer aux autres : « Réussir sa vie n’est pas la même chose pour chaque personne! » .
C’est tellement vrai! Je suis une spécialiste pour me mettre des objectifs de perfection….. ça m’a pris du temps à comprendre pourquoi cela était destructeur. Après tout, tout ce que je voulais c’était m’améliorer, me dépasser et devenir une meilleure personne…. en fait, je suis passée à côté de bien des moments de bonheur! Je me suis retrouvée à être très exigente envers moi ET envers les autres…. toujours un peu frustrée et surtout, DÉVASTÉE lorsque ça ne fonctionnait pas comme prévu. L’affaire, c’est que ça fonctionne rarement comme prévu, mais à la fin de tout, ce qui nous reste, c’est les moments heureux, rien d’autre.