Le santéisme (ou healthism en anglais) est un néologisme utilisé pour décrire le concept de la recherche de la performance en santé que l’on observe de plus en plus aujourd’hui. C’est un sujet qui peut être abordé sous divers angles.
Tout d’abord, qu’entend-t-on par performance en santé ? Il s’agit de la volonté d’atteindre des objectifs perçus comme des cibles à atteindre au niveau de son alimentation, de son niveau d’activité physique, de la qualité de son sommeil, de sa capacité à gérer son stress, et j’en passe. Rechercher un certain degré de performance en santé à ces niveaux peut avoir des effets bénéfiques sur la santé, mais aussi des effets néfastes si cette recherche devient excessive ou obsessionnelle.
Depuis quelques années, la performance en santé est un enjeu que les professionnel·e·s de la santé voient plus fréquemment lors de leurs consultations. Depuis 2020, elle serait plus commune que la recherche de la minceur, ceci pouvant s’expliquer par le contexte de la pandémie de COVID 19. Avec la pandémie, la minceur est passée d’un but à atteindre esthétique à un modèle de réussite où beaucoup de jeunes ont cherché à contrôler leur corps, ce qui a abouti à une augmentation des enjeux d’image corporelle et des troubles du comportement alimentaire. Donc, un aspect important à considérer est la ligne étroite qui existe entre un comportement sain et malsain. Parfois, la quête de la performance en santé peut devenir obsessionnelle et mener à des comportements malsains tels que l’excès d’exercice physique, la pratique du jeûne et l’adoption de régimes et de diètes. Ces comportements peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale.
Au niveau de l’alimentation, rechercher une performance en santé peut conduire à adopter des régimes restrictifs ou déséquilibrés, qui visent à perdre du poids, à augmenter la masse musculaire ou à optimiser les fonctions cognitives. Ces régimes peuvent entraîner des carences nutritionnelles, des troubles du comportement alimentaire, des problèmes digestifs ou hormonaux, ou encore une perte du plaisir de manger.
Au niveau de l’activité physique, rechercher une performance en santé peut pousser à pratiquer une activité physique trop intense ou trop fréquente, qui dépasse les capacités physiologiques de l’organisme. Cette suractivité physique peut provoquer des blessures, des douleurs musculaires ou articulaires et une fatigue chronique..
Au niveau du sommeil, rechercher une performance en santé peut amener à vouloir réduire le temps de sommeil pour augmenter le temps d’éveil et la productivité. Cette privation de sommeil peut avoir des conséquences négatives sur la santé physique et mentale, comme une diminution des capacités immunitaires, une altération de la mémoire, une irritabilité ou une dépression.
Les risques de rechercher une performance en santé au niveau de l’alimentation, du sommeil et de l’activité physique peuvent être liés à des facteurs psychologiques, tels que la pression sociale, le perfectionnisme, l’insatisfaction corporelle ou le manque de confiance en soi. Ces facteurs peuvent engendrer du stress, de l’anxiété ou une dépendance à la performance.
Pour éviter ces dangers, il est important d’écouter son corps et ses sensations, de respecter ses besoins et les limites de son corps, se fixer des objectifs réalistes et adaptés à sa situation personnelle, ainsi que de se féliciter pour ses efforts et ses progrès. Il peut être utile de se rappeler que la performance en santé ne se limite pas à l’alimentation, au sommeil et à l’activité physique, mais qu’elle dépend aussi d’autres facteurs individuels et collectifs, tels que les déterminants sociaux de la santé.
L’image corporelle joue également un rôle important dans cette recherche de performance. La pression sociale ressentie et perçue pour correspondre aux standards de beauté peut amener certaines personnes à adopter des comportements malsains pour atteindre cet idéal. Or, il est important de se rappeler que chaque corps est unique, que la beauté réside dans la diversité des corps et que la santé ne se mesure pas à l’apparence physique.
Le concept d’image corporelle positive est considéré comme un facteur associé au bien-être psychologique et favorisant les comportements de santé. L’image corporelle positive ne se résume pas à une absence d’insatisfaction corporelle, mais est plutôt à la façon dont une personne perçoit son corps et l’apprécie, sans se focaliser sur ses défauts ou sur les normes de beauté imposées par la société. Avoir une image corporelle positive, c’est accepter son corps, se sentir à l’aise avec son apparence, respecter sa diversité et en prendre soin de manière bienveillante et adaptée. Promouvoir une image corporelle positive peut aider à prévenir la recherche malsaine de la performance en santé et favoriser le bien-être psychologique.
Mais, comment savoir si mes comportements sont sains, malsains ou à risque ? Pour répondre à cette question, prenons par exemple l’activité physique:
Marqueurs d’image corporelle positive associés à l’activité physique
C’est positif si tu choisis de bouger pour :
- Te maintenir en santé
- Gérer ton stress
- Avoir du plaisir
Marqueurs d’image corporelle négative associés à l’activité physique
C’est négatif si tu choisis de bouger uniquement pour :
- Changer ton apparence
- Prendre ou perdre du poids
- Perdre des calories
Pour ce qui est de ton alimentation, de ton sommeil ou de tout autre aspect ayant un impact sur ta santé physique et mentale, tu peux te poser les questions suivantes lorsque tu souhaites évaluer si tes habitudes et tes comportements sont sains : Quelle proportion prennent mes pensées en lien avec cette habitude et/ou ce comportement ? Est-ce que ces pensées sont intrusives et/ou obsessionnelles ?
Il est donc important de demeurer bienveillant·e envers soi-même et de se donner le temps et l’espace pour prendre soin de son corps et de son esprit. Ainsi, il sera possible de trouver un équilibre entre le bien-être et la performance, tout en respectant ses besoins et ses limites.
– Karine Guérard, intervenante chez ANEB Québec