Je manquais de confiance.
Mon poids, mon apparence, mon intelligence, tout était comparé, pesé, analysé. J’étais facilement intimidée et craignais de m’exprimer. Le régime, un comportement fortement encouragé par la société, semblait avoir le potentiel de m’aider. Mon succès serait physiquement observable et j’obtiendrais le regard approbateur des autres, de quoi rehausser ma confiance en moi. À cette période, mettre au défi cette idée ne m’a jamais traversé l’esprit.
Oui, mais.
Malgré mes efforts, je n’arrivais pas à maintenir le poids que je considérais comme acceptable. En fait, je réalise maintenant qu’il n’existait pas de poids idéal, j’étais toujours insatisfaite, peu importe le chiffre. Je sombrais sous mes propres critiques, ma confiance ne s’améliorait pas et je devenais obsédée par la nourriture et ses calories. J’effectuais continuellement une révision détaillée des aliments consommés, du lever jusqu’au coucher. Insidieusement, j’avais entamé ce qui allait devenir des années de régimes à répétition et d’autoréprimande.
Je tournais en rond.
La formule pour maigrir m’échappait et je me décevais profondément. J’étais incapable de nommer les émotions qui m’habitaient et je préférais les étouffer sous une grande quantité de nourriture. Ce n’était que bien plus tard, couchée dans mon lit, que je ressentais physiquement ces excès et psychologiquement ces fuites d’émotion.
Je m’isolais.
Après tant d’années à me cacher, me contrôler, me juger et à ignorer mes besoins, j’étais fatiguée. Je ne croyais plus vraiment à la perte de poids comme étant une solution, mais je ne savais pas comment agir autrement. Je sentais que mon entourage n’était plus intéressé à discuter de mon apparence et de mes diètes. Je me trouvais moi-même assommante.
Je devais trouver une nouvelle manière de vivre.
J’avais besoin de légèreté, de compassion et moins de perfection. J’ai lu, j’ai consulté et j’ai entamé un long processus d’auto-sauvetage. J’ai péniblement laissé tomber mes standards trop sévères, j’ai amélioré ma relation avec la nourriture et j’ai pris du poids. J’ai dû me parler fermement et sérieusement à plusieurs reprises afin de rester vigilante et de ne pas retomber dans mes anciennes habitudes de régime et d’autocritique blessante. Ce fut très difficile d’accepter mes nouvelles formes, mais j’ai réussi à faire le deuil de ce corps idéalisé et impossible et je me sens infiniment mieux maintenant.
J’ai développé une nouvelle manière d’être.
J’ai compris que j’avais ma place peu importe ma taille et une voix qui pouvait s’exprimer peu importe mon opinion. Je trouve profondément malheureux que mon manque de confiance ait pu basculer ainsi dans de longues années de mépris corporel.
C’était une illusion, un corps mince ne me rendrait pas heureuse. Il était grand temps de me nourrir autrement.
– Annick
« Pour aller mieux, je devais déplacer ma vie là où elle devait être. Ma vraie vie m’attendait depuis vingt ans. » (David Foenkinos, citation tirée du livre « Je vais mieux »).