Cher corps

On a souvent été en guerre toi et moi, han? Allez, je prends un petit moment pour te lever mon drapeau blanc. On va se parler, tu veux bien?

Je sais, j’ai souvent sous-estimé ton intelligence et je m’en excuse. J’ai trop souvent voulu te façonner à ma manière, alors que tu fonctionnes très bien par toi-même. Tu es une force de la nature et je devrais davantage te faire confiance.

J’aurais parfois aimé que ta peau à mon ventre soit plus lisse, plus dure, moins flasque. Combien d’heures j’ai perdues au gym à lutter contre ton évolution naturelle. Souvent, j’ai passé à côté du fait que cette peau à l’abdomen deviendra, un jour, extraordinairement élastique, comme par magie, pour me permettre d’y loger un enfant.
Et pour ça…merci.

J’aurais parfois aimé que tes jambes soient plus élancées et élégantes. Tu sais, comme celles des mannequins dans mes revues de mode? De longues jambes interrrrrmmmmmiiiinaaaaaables. Souvent, j’ai passé à côté du fait qu’elles me permettent de courir jusqu’à mon mari pour lui sauter au cou, à son retour du travail.
Et pour ça…merci.

J’aurais aimé que la couleur de tes yeux se démarque. Bleu azur ou vert captivant. Non, ils sont bruns noisette. Tu sais, le brun commun, celui que tout le monde a. Souvent, j’ai passé à côté du fait qu’ils m’ont permis de voir les plus beaux couchers de soleil du Pérou, de la Grèce, de l’Italie, de la Californie et de la France.
Et pour ça…merci.

J’aurais aimé que ma bouche soit plus pulpeuse. Comme celle d’Angelina Jolie ou encore de Scarlett Johansson, tu comprends? Souvent, j’ai passé à côté du fait qu’elle me permet de donner de gros baisers mouillés sur les joues de mon père et ma mère. C’est l’essentiel.
Et pour ça…merci.

Je prends rarement le temps de communiquer avec toi. Pourtant, tu m’envoies plein de messages, cher compagnon de route. Je suis plutôt du style indulgente, je sais. Signons une trêve toi et moi.

Et si j’ai tendance à te prendre pour acquis, fais-moi signe. Je relierai ce papier.