Depuis que j’ai recommencé à me nourrir correctement, j’ai pris du poids. Après plusieurs mois sans avoir écouté mes signaux corporels, il est évident que mon corps allait être EXTRÊMEMENT reconnaissant en me donnant ce dont il a besoin. Avec la prise de poids, l’une de mes plus grosses difficultés en ce moment demeure mon image corporelle. Ce n’est pas facile de s’accepter tel que l’on est et c’est surtout très difficile d’abandonner les comportements associés au trouble alimentaire lors des moments de vulnérabilité, voire de panique.
Apprendre à travailler avec son corps
Après plusieurs années à me détester et à penser que je n’en valais pas la peine, et en ayant comme impression que je n’étais jamais adéquate, j’ai finalement pris la décision de changer les choses.Je suis fatiguée de lutter contre mon corps. Je veux apprendre à travailler AVEC lui. Je suis épuisée de nager à contre-courant et de ne jamais avoir le sentiment de gagner la bataille. Lorsque j’étais profondément ancrée dans le trouble alimentaire, j’étais déconnectée de mes émotions. Cette ignorance et ce déni étaient temporaires. En ce moment, je ne peux tout simplement pas ignorer mes pensées. Les émotions sont là: celles qui me font sentir bien et celles qui me font sentir un peu plus inconfortable… la colère, la tristesse, la jalousie, nommez-les. Non, ce n’est pas toujours facile.
La différence est qu’en ce moment, je peux travailler sur la perception que j’ai de moi‑même. Maintenant que j’ai mon poids « naturel », je peux faire des efforts afin de m’accepter un peu plus tous les jours.
On ne peut pas travailler sur l’acceptation de soi quand on n’est pas vraiment soi-même. Je n’aurais pas pu essayer de m’accepter telle que je suis en pesant XX livres de moins. Je dois essayer de m’accepter en étant moi-même, en étant en santé et en essayant du mieux que je peux. En étant 100% Élyse, fidèle à ses valeurs et à ses difficultés.
Un travail de tous les jours
Travailler à s’accepter n’est pas du tout facile, loin de là. Il y a des jours où je n’arrive pas à m’habiller, des matins qui se terminent en larmes, des parties de mon corps que je n’ose pas trop exposer pour le moment… Mais tranquillement, les choses changent dans ma tête. Il y a des idées préconçues qui se modifient, qui s’adaptent. J’apprends à m’accepter UN PEU PLUS tous les jours. Je réalise que j’ai ma place ici et que je mérite de prendre soin de moi.
L’affaire c’est que je ne m’aimais pas plus quand je pesais moins. Je ne m’aime pas plus quand je pèse plus. POUR L’INSTANT. Je mets l’accent là-dessus parce que je suis persuadée que cela ne sera pas toujours aussi difficile. Je suis certaine qu’un jour, j’arriverai à porter des shorts et à ne pas avoir honte. Je suis persuadée que j’arriverai à enfiler une jupe sans porter aussi des collants en plein été. Je suis persuadée qu’un jour, je m’accepterai et qu’un jour, je m’aimerai davantage.
Mais c’est un travail continu et cela demande beaucoup de patience et de compassion.
L’été arrive à grands pas. Or, pour la rédaction de ce billet, j’ai été quelque peu inspirée par tous les régimes qui suggèrent de perdre du poids pour la saison estivale. Si cela peut vous rassurer: vous n’avez pas du tout à changer votre physique afin de mieux vous conformez au moule de la perfection proposé par une société malade.
Nous avons tous et toutes un corps différent et je pense qu’il est grand temps d’apprendre à s’aimer au lieu de mettre autant d’énergie à se dénigrer constamment. On nous a appris à trouver des défauts là où il n’y en a pas, on nous a appris que les tailles veulent dire quelque chose. On s’efforce de perdre quelques livres parce qu’on a l’impression qu’une taille Y représente une taille trop élevée. On nous fait croire que nous ne sommes pas conformes aux « tailles parfaites ». Mais c’est quoi au juste une « taille parfaite »?
Nous avons tous et toutes quelque chose que les autres n’ont pas forcément. Parfois, on va trouver que tel aspect n’est pas vraiment avantageux et d’autres personnes pourraient tout donner pour avoir ce avec quoi nous sommes nés. C’est toujours une question de perspective, de goûts, de préférences.
Une personne blonde aimerait être brune et une personne frisée aimerait avoir les cheveux lisses. On veut toujours ce que l’on n’a pas. Moins de seins, plus de fesses, des cheveux plus longs… On se compare constamment aux autres et ça nous fait mal, ça nous blesse. Cela ne nous permet clairement pas d’avancer vers le mieux-être. Au contraire, se dénigrer autant ne peut être que mauvais pour notre estime de soi et laisser des cicatrices. C’est blessant, épuisant et ça ne mène à rien de positif.
Ça suffit la haine et la frustration envers soi-même! J’en ai assez de l’insatisfaction, des méchancetés et des insultes: des entreprises qui se font de l’argent sur notre dos parce qu’on passe tellement de temps et d’énergie à vouloir modifier des aspects de notre personne qu’il est impossible de contrôler.
Il est temps de faire une pause et de se questionner.
Et si l’on apprenait à tolérer nos imperfections? (Éventuellement, à les accepter et à les aimer. Mais je suis consciente que tu n’es peut-être pas encore rendu là). Et si l’on mettait autant d’énergie à s’encourager et à se féliciter?
La vie serait peut-être plus douce?
« Just because the process hurts doesn’t mean the results won’t be beautiful. »
Élyse Beaudet xxx
Vous avez besoin d’aide? Vous éprouvez le besoin de parler et d’être écouté? Vous croyez souffrir d’un trouble alimentaire et vous aimeriez obtenir des services? Vous êtes inquiets pour une personne près de vous? Vous n’êtes pas seul! Contactez-nous sur la ligne d’écoute d’Anorexie et boulimie Québec (ANEB) au 514-630-0907 (Montréal ) ou 1-800-630-0907 (ailleurs au Québec, sans frais). Un intervenant vous répondra et vous apportera le soutien dont vous avez besoin. La ligne est confidentielle et est ouverte tous les jours de la semaine, de 8 h am à 3 h am. www.anebquebec.com
Merci à notre bénévole Dominique Laliberté pour son aide à la relecture du texte.