Quand nous sommes confrontés à une personne qui s’autodétruit à petit feu devant nos yeux, nous aimerions agir, parfois à sa place, pour rectifier la situation. À ce moment-là s’installe une lutte dans laquelle nous avons du mal à sortir et un climat de tension prend place. L’autre personne peut penser que nous voulons agir CONTRE elle, alors que nous ne voulons que son bien.
C’est ici que l’importance d’une saine communication prend tout son sens. Et ça, ça passe obligatoirement par l’écoute de l’autre.
Or, je tiens à apporter une nuance : il y a une différence entre écouter et entendre. On peut entendre une personne distraitement, sans prêter réellement attention à ce qu’elle nous explique. Et ce n’est pas forcément condamnable, il est impossible pour qui que ce soit d’être en mode «écoute » 24h sur 24h, 7 jours sur 7, et ce pour diverses raisons dont certaines peuvent être très louables. L’écoute, quant à elle, est un processus actif qui demande une concentration et une énergie quasi constante pour capter les messages verbaux, mais également non-verbaux, pour saisir ce que les émotions que la personne cherche à exprimer.
Combien de fois avions-nous quelque chose sur le cœur pour lequel nous ne voulions qu’écoute et non des conseils? Ce qui fonctionne pour les uns ne fonctionne pas nécessairement pour les autres, parce que nous sommes tous différents avec nos propres cadres de référence, même chez des personnes vivant des expériences en apparence identiques. Quand nous donnons un conseil, souvent ce que nous sous-entendons c’est : « J’ai la réponse à ton problème, toi tu ne l’as pas. ». Et pourtant, chaque personne possède la capacité de prendre sa vie en main et de la mener là ou elle le désire, même si elle n’en a pas toujours conscience. C’est ce qu’on appelle l’empowerment.
Nous vivons dans une société où les choses vont de plus en plus vite et où nous perdons la notion d’écoute de soi, mais également d’écoute des autres. Et pourtant, une personne qu’on a pris le temps d’écouter sera de fait plus en harmonie avec elle-même. Comme on a accordé de la valeur à ce qu’elle ressentait, elle se permettra d’y accorder de la valeur elle aussi. Elle aura une meilleure compréhension de qui elle est, de ses forces, limites et insécurités, alors elle sera plus à même de bien écouter les autres.
Il y a bien des situations dans la vie pour lesquelles nous ne pouvons agir. Il y a des choses qu’on ne peut changer en raison de certaines circonstances. Il faut donc s’adapter, continuer à avancer, malgré ce qui nous pèse. Nous pouvons cependant décider de changer notre attitude par rapport à cette situation et la transformer en potentiel de résilience. Beaucoup de gens appellent cela le « lâcher-prise » qui est souvent plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens. Lorsque l’on est devant une impasse, il n’existe pas de recettes miracles. Mais grâce à l’écoute de notre entourage, l’écoute professionnelle, au moins, on aura été réellement entendu. On sera plus au clair avec nous-mêmes. On pourra aborder les choses sous un autre angle. Et le poids que l’on portait sur nos épaules se fera moins lourd. L’acceptation des aléas de la vie, que l’on peut comparer dans bien des cas à un processus de deuil, est possible, mais pour accepter il faut d’abord avoir été entendu dans notre souffrance et que celle-ci ait été reconnue.