Le mois de janvier est souvent une période qui favorise une réflexion sur l’année dernière et qui entraine un désir de s’améliorer. Ainsi, il peut être intéressant de profiter de ce moment empreint de motivation pour établir certains objectifs et intégrer de nouvelles habitudes à son quotidien.
Toutefois, il n’est pas rare d’être bombardé de messages provenant de la culture des diètes qui exploite la culpabilité que certaines personnes pourraient ressentir après les repas plus copieux du temps des fêtes. Les discussions à propos de la perte de poids et des régimes se multiplient et on peut être entrainé à essayer de contrôler son alimentation et son corps.
L’anxiété de performance
Un facteur de risque important des troubles alimentaires est la tendance à l’anxiété de performance. La pression à devenir une meilleure version de soi-même et à atteindre des objectifs ambitieux pour la nouvelle année peut exacerber cette anxiété. On parle d’anxiété lorsque le stress atteint des proportions démesurées, entraine des conséquences négatives dans le quotidien et cause de la souffrance. L’anxiété de performance se manifeste lorsque le cerveau interprète l’anticipation d’un échec comme une menace importante. Une personne peut alors manifester une appréhension excessive quant à sa capacité à accomplir une tâche conformément aux attentes
1 . L’anxiété de performance se manifeste au niveau des pensées (distorsions cognitives, ex. « je ne dois pas manger X aliments »), des émotions (peur, malaise immense, sentiment d’inefficacité), de la physiologie (tensions musculaires, augmentation de la pression sanguine, insomnie, etc.) et des comportements (évitement de certaines situations, efforts démesurés pour atteindre X poids)
2 . Pour les personnes qui souffrent de troubles de comportements alimentaires ou qui ont des enjeux en lien avec la nourriture, il faut donc faire preuve de prudence afin que les objectifs établis soient réalistes et n’entrainent pas une pression dysfonctionnelle à les atteindre. Ce qui fait référence à la restriction et aux règles alimentaires ainsi qu’au contrôle du poids est donc à proscrire, pouvant perpétuer le cycle de restriction- compulsion. Les objectifs irréalistes quant au rétablissement sont aussi à éviter, comme « ne plus jamais avoir de compulsions » ou « ne plus recourir à des comportements
compensatoires ».
Dans le rétablissement, la rechute fait partie intégrante du processus et il est normal de l’expérimenter. Le plus important est d’accepter que ce soit arrivé, aller chercher de l’aide et prendre soin de soi.
1 Lupien, S. (2010). Par amour du stress. Éditions au Carré.
2 Beaucage, B. (1997). L’anxiété de performance ou la réussite à tout prix. Vies-à-vies, 10(2),
1-2.
Des objectifs bienveillants
Afin d’établir des objectifs qui propulseront véritablement vers le rétablissement, il est essentiel d’approcher la nouvelle année avec bienveillance et flexibilité. S’éloigner des mesures strictes et des chiffres pour se concentrer sur comment on désire se sentir et quelles émotions nous souhaitons favoriser peut s’avérer bénéfique. Lorsque les objectifs ne sont pas quantifiables, ceux-ci permettent de se connecter à son intuition, à son ressenti, et engendrent donc plus de réussites et une reprise de pouvoir. Il est important de pratiquer la compassion envers soi dans le rétablissement d’un trouble alimentaire ou lorsqu’on travaille sur sa relation avec la nourriture.
Voici quelques exemples de résolutions bienveillantes :
– Apprendre à être plus patient(e) envers soi-même
– Prendre soin de soi régulièrement
– Se prioriser davantage
– S’engager dans une thérapie ou à participer dans un groupe de soutien
– Se connecter à ses signaux de faim et de satiété au quotidien
– Bouger pour le plaisir
– Souligner ses réussites alimentaires
– Se donner la permission inconditionnelle de manger
– Partager plus souvent ses inquiétudes avec un proche
– S’éloigner des personnes et des comptes en ligne qui promeuvent culture des diètes
Toute l’équipe d’ANEB vous souhaite le meilleur pour l’année à venir. Que 2023 soit empreinte de douceur, de connexions, de découvertes et d’amour.
– Kim Laurendeau, intervenante clinique et étudiante en psychologie