Il peut être tout à fait normal d’éprouver de la souffrance psychologique à l’occasion, en l’absence de toute dépression. L’hiver est une saison qui a une incidence sur plusieurs d’entre nous. Pour certaines personnes, cette période peut favoriser le développement de ce que l’on appelle le trouble affectif saisonnier.
Qu’est-ce que le trouble affectif saisonnier ?
Le trouble affectif saisonnier (TAS) ou SAD (Seasonal Affective Disorder) en anglais, est une forme de dépression apparaissant et s’atténuant avec la saison printanière, car pour la plupart des personnes, ses symptômes tendent à débuter en automne ou en hiver. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), les critères du TAS incluent une dépression qui commence et se termine au cours d’une saison spécifique de l’année, et qui se répète sur une période de deux ans. Les désordres saisonniers surviennent le plus souvent en hiver, mais ils peuvent également se manifester en été. Ce trouble de la santé mentale est aussi connu dans le langage commun sous le nom de dépression saisonnière.
Quels sont les signes/symptômes du trouble affectif saisonnier ?
● être triste ou déprimé·e la majorité des jours
● ressentir de l’irritabilité, du désespoir, de l’anxiété et/ou de la colère
● avoir des pensées négatives par rapport à soi
● avoir des troubles du sommeil ( l’impression de dormir trop, pas assez ou ne pas se sentir reposé·e)
● avoir des difficultés à se concentrer
● ressentir une perte d’intérêt pour des activités que la personne aimait
● ressentir le besoin de s’isoler
● diminution ou augmentation de l’appétit
● une plus forte envie de manger des glucides
● prise de poids
● utiliser ou augmenter sa consommation de drogues ou d’alcool comme mécanismes d’adaptation
● penser à la mort ou au suicide
Quels facteurs peuvent contribuer au trouble affectif saisonnier ?
Les jeunes adultes sont plus à risque de souffrir de TAS que les personnes plus âgées ; le risque diminue avec l’âge, particulièrement à partir de 50 ans.
Un des facteurs favorisant le développement d’un TAS pourrait être une exposition faible à la lumière du soleil. Le TAS pourrait également être lié à la concentration de mélatonine dans le corps, une hormone ayant comme rôle de réguler notre sommeil. En passant la plupart des journées sombres de l’automne et de l’hiver à l’intérieur, la glande pinéale reçoit le signal de produire de la mélatonine (ce qui est normalement prévu pour la nuit), ce qui entraîne de la somnolence et de la fatigue. Le manque de lumière solaire en hiver peut aussi avoir une incidence sur le taux de sérotonine, qui agit directement sur l’humeur. Un faible taux de sérotonine peut donner une sensation de déprime et de fatigue, ce qui rend difficile la concentration à l’école et/ou au travail ; et l’accomplissement des tâches de la vie quotidienne.
Les troubles alimentaires et le TAS
Certains signes et symptômes du TAS peuvent avoir une incidence chez la personne ayant un trouble alimentaire (TA). Une augmentation, une diminution ou une perte d’appétit ; l’envie plus forte de manger des aliments riches en sucres et la prise de poids pouvant être observés chez la personne ayant un diagnostic de TAS peuvent rendre le quotidien de la personne aux prises avec un TA plus difficile. Il peut être confrontant pour une personne aux prises avec un TA de ressentir l’envie de manger des aliments riches en glucides, un symptôme fréquent chez les personnes ayant un diagnostic de TAS. C’est pourquoi il est important de consulter un.e professionnel de la santé afin de recevoir le bon diagnostic et aider à trouver le meilleur traitement, que ce soit par de la médication, de la psychothérapie, des changements dans son hygiène de vie et/ou l’utilisation de luminothérapie (séances d’exposition à la lumière par une lampe conçue à des fin thérapeutiques. Il est important de consulter puisque certains traitements spécifiques au TAS, tels que la luminothérapie, peuvent aggraver les symptômes chez certaines personnes souffrant d’autres troubles ou maladies.
L’Association canadienne de la santé mentale liste les traitements suivants comme les plus communs pour prendre en charge le TAS :
- Luminothérapie/photothérapie
Des recherches ont montré que les niveaux de sérotonine augmentent avec l’exposition à la lumière vive chez les personnes souffrant de TAS ce qui fait de la luminothérapie un moyen alternatif ou complémentaire à la médication. Avec la luminothérapie, l’utilisateur s’assoit devant une lampe spéciale environ 30 minutes par jour. La luminothérapie peut se faire au bureau du médecin ou chez-soi. Il est préférable d’obtenir l’approbation de son médecin avant de débuter un tel traitement.
L’utilisation d’un réveil qui imite un lever de soleil peut être utile pour permettre un éveil graduel et en douceur. En remplacement d’une alarme sonore conventionnelle, les lampes de réveil permettent aux personnes de se réveiller progressivement tout en remettant à l’heure l’horloge interne, le rythme circadien, qui contrôle les cycles de sommeil et d’éveil du corps.
- Médication
Elle peut traiter une dépression et fonctionne de différentes façons. Seul un médecin ou un psychiatre sera en mesure de déterminer s’il s’agit d’une avenue intéressante pour vous, selon la sévérité des symptômes et leur impact sur votre vie.
- Soutien psychologique et thérapie
La psychothérapie la plus recommandée est la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). La TCC aide les individus à se concentrer sur les pensées immédiates, les humeurs et les émotions. Cette approche permet de travailler au niveau des schémas, des pensées ou des comportements qui pourraient amplifier les symptômes dépressifs.
- Prendre soin de soi
Des séances de méditation, de yoga ou de massothérapie peuvent également contribuer à prévenir la dépression saisonnière. D’autres outils et pistes de solution existent pour atténuer les effets indésirables du TAS et peuvent aussi aider, par la même occasion, les personnes aux prises avec un TA ou d’autres maladies mentales.
Quelques pistes et idées :
- Garder les rideaux ouverts pendant la journée
- Se coucher et se lever aux mêmes heures chaque jour
- Sortir à l’extérieur pendant les heures d’ensoleillement
- Éviter les écrans 1 heure avant de se mettre au lit
- Instaurer une routine du soir avec un temps de relaxation et/ou de méditation
- Maintenir des contacts avec ses proches
- Pratiquer des exercices de respiration
- Si tu crois souffrir de dépression saisonnière, rappelle-toi que tu n’es pas seul·e, et qu’il existe des solutions pour aller mieux !
– Karine Guérard, Intervenante chez ANEB Québec