Troubles alimentaires
Toc. Toc. Toc.
Oh, on cogne à ma porte…Qui cela peut-il être? Je n’attends personne…
Je m’approche.
– « Qui êtes-vous? »
– « Je suis vous. »
J’étouffe un petit rire de stupéfaction avant de lui répliquer:
– « C’est quoi ces niaiseries là? Partez tout de suite si vous n’avez rien d’intéressant à me dire. »
– « Au contraire Amélie, c’est dans votre plus grand intérêt de m’écouter. Ce que j’ai à vous apprendre changera votre vie à jamais et ce pour le mieux…Allez, laissez moi entrer. »
– « Comment connaissez-vous mon nom? »
– « Je vous l’ai dis, je suis vous! »
Mon cœur se serra dans ma poitrine. Je crois que c’était de la peur. Comment cette personne m’avait trouvé et qu’est-ce qu’elle me voulait?
– « Ça suffit maintenant. Je vous ordonne de partir sinon, j’appelle la police. »
Il y eut un court moment de silence durant lequel je croyais que j’avais gagné la partie…mais on ne gagne pas aussi facilement contre sa propre personne. Nous sommes souvent notre pire ennemi. Puis soudainement, un immense éclat de rire de sa part.
– « La police! Elle est bonne celle-là! La police ne pourra jamais me trouver; je suis vous! Vous êtes moi! Nous ne sommes qu’un! Écoutez-moi bien. Je sais comment vous rendre heureuse. J’ai le secret du bonheur. »
Je sentais qu’il n’abandonnerait pas tant qu’il n’aurait pas obtenu ce qu’il voulait, c’est-à-dire me dévoiler son secret…mais à quel prix? Quoi qu’il en soit, je l’ai laissé entrer…la pire erreur de ma vie. Il est vrai que j’étais en période de questionnement quant à mon avenir, mon identité. J’avais peur de me découvrir, de ne pas être à la hauteur dans mes relations sociales, professionnelles et amoureuses. J’avais peur de ne pas être bien, de mal vivre avec le futur.
Aussitôt qu’il fût entré, il n’a pas hésité à mettre ces mains sur mes seins.
« Tu vois, ici, c’est beaucoup trop…comment dire…volumineux. »
Ces mains glissèrent jusque sur mon ventre.
« Et ici, oh la la, ça ne va pas du tout. Qui va vouloir de toi avec ce bourrelet?! Et tes cuisses, elles se touchent! Il devrait y avoir une fente entre elles. Tourne-toi donc que j’examine tes fesses. Mon Dieu Seigneur! C’est pas des fesses ça, c’est deux planètes Saturne misent ensemble! »
Je tombai dans un mutisme total. L’inconnu avait raison. J’étais grosse.
« Amélie, vous allez être bien plus heureuse et épanouie si vous perdez du poids. »
Il avait vu juste…enfin, c’est ce que je croyais…
« D’accord, lui dis-je. J’ai compris. Vous avez raison. Vous pouvez quitter maintenant. »
Autre moment de silence. Enfin, j’avais la paix! Étonnement, j’étais plus motivée que jamais je ne l’avais été dans toute ma vie. J’enfilai mon habit de sport, puis partis courir pendant une heure à l’extérieur. Au souper, je décidai que je pouvais me passer de féculent, puis je me contentai d’un peu de poulet accompagné d’une salade. Le lendemain, je montai sur le pèse personne et…
TOC. TOC. TOC.
On avait à nouveau cogné à ma porte. Encore une fois, je n’attendais personne. J’avais tout de même mes doutes sur l’identité de la personne. J’allai malgré tout à la porte pour valider.
– « Qui est-ce? »
– « C’est toi merde ! »
Il semblait fâché.
– « Tu me déçois Amélie. Tu n’es même pas fichue de perdre plus de poids que ça. Sois plus rigoureuse dans ton travail Bordel ! »
– « Oui, c’est vrai. Je peux faire mieux. Je vais m’entraîner plus et manger moins. »
Mes paroles l’avaient surement rassuré, car je ne l’entendis plus de la journée. Le lendemain, j’avais perdu près d’un kilo. Je croyais qu’il serait satisfait, mais non.
TOC. TOC. TOC.
– « Espèce d’incompétente! C’est bien, tu as maigri, mais ce n’est pas assez. Tant qu’à perdre 800 grammes, tu aurais pu perdre un kilo!
– « Oui, d’accord. Plus d’exercice, moins de nourriture. »
Je maigrissais à vue d’œil, or, je ne crois pas qu’il avait des lunettes ajustées à sa vue, car il ne voyait rien. Alors je continuai, pour lui faire plaisir…je l’espérais. Cela a duré des mois, jusqu’à ce qu’on me transfère à l’hôpital suite à une grosse chute de pression. Là bas, le médecin me donna deux choix. Soit je recommence à manger maintenant et je cesse l’exercice, soit je continue mes agirs et il ne me reste que quelques jours à vivre. Ce fut une décision atroce. Toutefois, je réalisai que tout ce que ne m’avait apporté cette personne qui se dit être moi depuis le début n’était que mensonges et malheurs, alors qu’elle m’avait promis le contraire.
Je décidai de manger.
– « Tu es juste une grosse lâche! Tu veux te débarrasser de moi et bien ça ne se passera pas comme ça. »
Je devais résister. Résister à l’envie de l’écouter. Résister à l’envie de boire ces paroles. De le croire.
À force de l’ignorer, sa voix fini par s’estomper, jusqu’à en devenir inexistante. Je repris goût à la vie. L’avenir me faisait peur, certes, mais je décidai que j’allais confronter. J’allais apprendre à me faire confiance et à m’aimer telle que je suis.
Toc. Toc. Toc.
Oh non, pas encore…
– « Amélie, je t’ai menti. En fait, je n’ai jamais été toi. J’étais une autre personne qui vivait en toi…Mon nom, ce n’est pas Amélie. Moi c’est Anorexie. Je me cherche des disciples pour ma secte. Je croyais que tu étais l’un d’eux. Il m’a tout bien l’air que tu es trop forte et courageuse…»
j’en suis là…..hyperphagique depuis trop longtemps, à tellement vouloir être mince, que je consacre chaque minutes de ma vie à répondre à ces dialogues intérieur….
Un grand juge m’habite…le plus sévère et diabolique de tous…..mais , si je ne l’écoute plus, si j’ose faire la sourde oreille…qui deviendrais-je?? je le côtois depuis si longtemps que je me sentirais perdue? abandonnée? inutile? pourtant, il n’est pas si gentil avec moi, il a des attentes très hautes et exigeantes….chaque jour je me déçois de ne pas y arriver…..de ne pas le satisfaire….
le changement fait peur…l’inconnu fait peur….
mais le présent fait mal……
un jour, j’aurai peut-être le courage de lui donner son congé……..
C’est une grande bataille mais ma persévérante et merveilleuse de jeune femme de fille va la gagner!!! Go Mimi Go!!!