Avec la rentrée des classes qui arrive à grands pas (ou le retour au travail après des vacances bien méritées), vient également le retour de l’anxiété. Revoir d’anciens collègues, se rappeler certains conflits, être confronté à l’image que l’on veut projeter, se frotter à nos angoisses de performance… bref, un terrain bien fertile pour l’anxiété. Mais avant qu’elle ne nous envahisse, comment la reconnaître et surtout, comment la gérer?
Une réaction que nous connaissons tous
L’anxiété est une réaction émotionnelle tout à fait normale, naturelle et partagée par chacun d’entre nous. Elle représente une réponse adaptative de notre organisme face à un stress (Ladouceur, Marchand & Boisvert, 1999). Adaptative… oui, car lorsque nos ancêtres étaient confrontés à un danger, l’anxiété provoquait un ensemble de réactions physiologiques et psychologiques qui leur ont permis de survivre ; la peur leur permettait ainsi de combattre, se sauver, ou figer. Agréable… non, car aujourd’hui nous ne sommes que rarement placés devant des menaces mortelles. Toutefois, notre organisme réagit exactement de la même manière, c’est-à-dire en nous prévenant d’un danger. Le cœur qui débat, la respiration qui accélère, l’activation sanguine vers les muscles, la fameuse boule dans l’estomac…
Lors de l’animation d’une séance de clavardage portant sur l’anxiété, plusieurs ont abordé l’impression d’une sensation de vide ainsi qu’une difficulté à voir clairement. Lorsque l’on ressent de l’anxiété, la peur nous envahit, pouvant nous empêcher de réagir et, ultimement, nous donner l’impression de perdre le contrôle de nous-mêmes. Loin d’être rationnelle, l’anxiété est en effet à la fois physiologique et émotionnelle… d’où l’impression de ne plus se comprendre ou se contrôler. Lorsque l’on souffre d’un trouble alimentaire, avouons que l’anxiété trouve encore plus de sources auxquelles s’accrocher : le miroir du matin, l’immanquable heure du dîner, la comparaison aux autres, la préoccupation constante de son poids, et j’en passe.
Gestion de l’anxiété 101
Lorsque l’on sent monter en nous cette fameuse sensation d’anxiété, différents éléments peuvent nous aider. D’abord, il faut savoir reconnaître les signes précurseurs de notre anxiété. Comme ces derniers diffèrent d’une personne à l’autre, il faut être attentif à nos sensations, autant corporelles que psychologiques : cœur qui débat, douleurs au ventre, étourdissements, picotements, impression de perte de contrôle. Ensuite, identifier la source de notre anxiété : Qu’est-ce qui me stresse? Qu’est-ce qui me fait si peur? Il faut tenter de demeurer aussi rationnel que possible pour devenir un observateur de la situation. Nous pouvons également nous demander si nous avons un réel pouvoir sur ce qui nous fait peur : Puis-je changer la situation? Si oui, comment puis-je y arriver? Sinon, peut-être s’agit-il alors d’un événement extérieur sur lequel je n’ai que peu de pouvoir. C’est un exercice difficile, j’en conviens, et cela demande de la pratique pour parvenir à ralentir nos réactions et retrouver notre objectivité.
Quand ça monte trop…
Si l’anxiété monte malgré tout, ce qui est fort possible, différents exercices peuvent nous aider à la maîtriser:
–Se concentrer sur notre respiration : Pour ce faire, un exercice que je surnomme le « 5-5-5 » peut nous y aider : il s’agit d’inspirer pendant 5 secondes, retenir son souffle pendant 5 secondes et (vous me voyez venir) expirer pendant 5 secondes. Cet exercice tout simple, répété à plusieurs reprises, contribue à calmer d’abord notre corps, et ensuite notre esprit.
–Penser à un endroit calme et sécurisant : Par exemple, plutôt que de me concentrer sur ma peur d’échouer l’examen qui se trouve devant moi, je me visualise installé confortablement dans ma chambre, en vacances au bord du lac cet été, ou chez mon meilleur ami… bref, là où aucune menace ne plane sur moi.
–Se concentrer sur ce qui nous entoure concrètement: Quand l’anxiété est si forte que j’ai de la difficulté à respirer et la tête qui tourne, je focalise toute mon attention sur mon environnement immédiat : mes mains qui touchent à la texture rugueuse de la table, mes pieds en contact avec le sol froid, la sensation de la fourrure de mon chat que je flatte… Je me ramène ainsi dans la réalité concrète et je prends une distance avec l’anxiété qui m’envahit.
Dans la frénésie de cette rentrée des classes, je vous propose donc ces quelques stratégies et, si cela vous intéresse, il me fera plaisir de poursuivre avec d’autres moyens dans un prochain billet. N’hésitez pas à partager avec moi vos propres trucs, j’aimerais beaucoup les lire! Enfin, n’oubliez pas que chaque personne développe ses propres stratégies et qu’il n’y a (malheureusement) pas de truc universel…
Bonne rentrée, et au plaisir de lire vos commentaires!
Catherine Sylvestre, D.Ps., psychologue
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