Lorsque j’ai juré que le trouble alimentaire n’était plus une porte de sortie adéquate pour moi, je me suis embarquée dans un processus que je sous-estimais grandement.
Guérir d’un trouble alimentaire c’est difficile. On ne va pas se le cacher, c’est probablement la chose la plus difficile qui me soit jamais arrivée. Choisir le rétablissement va à l’encontre de tous les membres de ton corps ainsi que de toutes tes pensées. C’est être prêt(e) à remettre en question ses pensées et croyances: comme si tes valeurs et ta façon de fonctionner étaient chamboulées assez sauvagement.
Les pensées et les règles qui viennent avec le trouble alimentaire sont souvent difficiles à justifier. Elles ne font pas vraiment de sens, mais lorsque nous sommes pris dans ce tourbillon malsain, on ne jure que par celles-ci. Lorsque l’on souffre d’un trouble alimentaire, notre monde demeure malheureusement excessivement rigide et sévère.
Quand tu choisis le rétablissement, plusieurs gestes nécessaires à celui-ci peuvent sembler de prime abord incohérents ou insurmontables. Cela devient un combat ardu. C’est un choix qui demande certaines décisions qui vont à l’encontre de nos habitudes malsaines, plusieurs fois par jour.
Au début, le rétablissement ne prend jamais de pause.
24 heures sur 24. Sept jours sur sept.
Il faut choisir d’y mettre beaucoup d’efforts et il faut donc y croire dur comme fer.
On peut questionner le rétablissement. On peut douter le rétablissement. On peut faire des erreurs, rechuter: on peut s’enfarger. On peut reculer, on peut refuser, tout comme on peut en pleurer. Mais on ne peut pas abandonner. C’est une lutte qui perdure longtemps. Certains diront que c’est toute une vie, d’autres vivront sans pensées ni obstacles après quelques années. Chaque personne est différente et doit se permettre de vivre le rétablissement à sa façon.
Le rétablissement ne comporte pas de « il faut que… » ou des « je devrais… ». Le rétablissement est propre à chacun et est vécu différemment pour chaque individu.
Aussi épuisant que cela puisse paraître, la guérison devient moins difficile avec le temps. Au fur et à mesure que les jours, les mois et les semaines s’accumulent, on construit de nouvelles habitudes et on se libère des règlements. On doit tout rebâtir: cela demande du temps, de la détermination et surtout beaucoup de patience. Choisir le rétablissement devient plus naturel et les raisons pour lesquelles on décide d’agir à l’encontre du trouble nous paraissent plus évidentes. C’est plus facile de gagner la bataille intérieure après avoir réussi à prouver, après plusieurs reprises, que cela était possible et que l’on ne meurt pas lorsqu’on choisi de ne pas écouter le trouble alimentaire.
En choisissant la guérison, on peut se rassurer en se répétant qu’un jour ce sera moins pire. Si l’on se permet de se laisser une chance, on pourra un jour se décrire comme étant libéré de cette emprise.
Moi, je considère que cette souffrance en vaut la peine. Tous les jours, je me rappelle pourquoi je choisis le rétablissement. Choisir le trouble n’est plus une option pour moi. Je ne suis plus là pour simplement tolérer: je veux une vie à la hauteur de mes buts ainsi que de mes aspirations. Je veux passer à autre chose: vivre ce que la vie peut vraiment m’offrir.
Ce n’est peut-être pas immédiat comme cheminement, mais c’est un processus. Chaque chose en son temps et il suffit d’y aller un jour à la fois. Je me donne la chance de vivre mes inquiétudes et de demeurer incertaine. Je dois tolérer ces questionnements et je dois vivre dans le moment présent.
Un jour, je pourrai dire que je suis confortable dans l’incertitude de demain.
Élyse
*Je dédis ce texte à Claire, une femme très spéciale qui m’a encouragée à repousser mes limites et à me faire comprendre que j’en valais la peine. Plusieurs citations de ce texte sont tirées des discours qu’elle me répétait sans cesse, plusieurs fois par semaine s’il le fallait. Celle qui m’a prouvée que je pouvais y arriver et que j’en avais les capacités, celle qui n’a jamais douté et qui a partagé ses connaissances, son dévouement et sa patience avec moi. Merci. xxx
J’ai envie de partager ton texte me parle beaucoup en ce moment …
Choisir de ne pas obéir au pensée qui ont empoisonner ma vie est un combat que je vis depuis maintenant 1 ans il y a des moments plus facile et d’autre plus difficile … Les pensée mauvaise pour moi qui peuvent parfois semblé si rassurante !! Un corp disfficile à accepter mais qui est le mien … Merci de me rappeler d’être indulgente avec moi même !!
Salut Julie!
Lire ton commentaire m’a fait beaucoup de bien ce matin. Je suis très reconnaissante pour le temps que tu as pris pour le lire ainsi que pour commenter, c’est vraiment un beau geste et cela me touche beaucoup. Il faut être indulgente car c’est précisément cela qui apportera le bonheur, le bien-être et l’acceptation de soi. Obéir aux voix malsaines n’a jamais permis à personne de se sentir mieux dans sa peau… C’est difficile d’aller à l’encontre des pensées, mais tu sembles bien t’en sortir et c’est ce qu’il faut: continuer malgré tout et poursuivre les efforts car cela en vaut la peine… c’est la bataille la plus dure, mais également la plus belle…
Ça fait du bien à mon coeur de maman de lire cela! Ma belle grande fille de 13 ans fait beaucoup d’efforts pour aller de l’avant et savourer à nouveau la vie. Merci!
Ça fait du bien à mon coeur de lire votre commentaire, aussi. Je vous envoie beaucoup d’amour à vous et votre fille, ainsi que du courage et de la patience, de la détermination et beaucoup d’indulgence. Je sais que ce n’est pas une bataille facile et qu’il y a beaucoup de répercussions, mais il faut y aller une étape à la fois et je suis confiante. Ne lâchez surtout pas x x x
Très beau témoignage plein d’espoir , j’aimerais le faire lire à ma fille, qui parfois doute, se décourage puis repart avec l’envie d’y arriver …Quelle énergie nécessaire pour luter à chaque moment contre des pensées, habitudes…j’essaierai de lui dire d’être moins sévère, exigente envers elle même…
Merci de témoigner de votre expérience, elle nous encourage à soutenir nos enfants qui souffrent tant .
Bonjour,
Votre témoignage m’a beaucoup touché. Particulièrement ce passage :
En choisissant la guérison, on peut se rassurer en se répétant qu’un jour ce sera moins pire. Si l’on se permet de se laisser une chance, on pourra un jour se décrire comme étant libéré de cette emprise.
Moi, je considère que cette souffrance en vaut la peine. Tous les jours, je me rappelle pourquoi je choisis le rétablissement. Choisir le trouble n’est plus une option pour moi. Je ne suis plus là pour simplement tolérer: je veux une vie à la hauteur de mes buts ainsi que de mes aspirations. Je veux passer à autre chose: vivre ce que la vie peut vraiment m’offrir.
Présentement en période difficile, je tente d’émerger. Merci!