Quand les médias parlent de troubles alimentaires, ils ont souvent tendance à parler au féminin, renforçant le mythe dans notre société que les TA ne touchent que les femmes, alors qu’en fait, ce trouble psychologique ne prend en pitié aucun genre, aucune tranche d’âges ou origine culturelle plus qu’un autre.
En effet, plusieurs recherches estiment qu’entre 10 et 15% des gens qui souffrent d’anorexie ou de boulimie, et près de la moitié qui souffrent d’hyperphagie sont des hommes.
Mais d’où provient cette idée préconçue, et quelles en sont les conséquences?
Un « vrai » homme?
Durant des siècles, voire des millénaires, les hommes s’occupaient du travail, et les femmes portaient et prenaient soin des enfants; c’était tout simplement la façon de faire. Cette mentalité sexiste considérait plutôt la femme comme objet de beauté, c’était donc elle qui devait se soucier de son apparence, et non son mari. Les années soixante ont amené le mouvement féministe, qui a décidément entraîner plusieurs changements importants, mais en ce qui concerne les rôles de chaque genre, les idées préconçus d’un temps antérieur ont très peu évoluées. On nous a appris qu’un « vrai » homme ne se préoccupe pas de son poids et de son apparence physique, ainsi il ne peut pas souffrir d’un trouble alimentaire.
Idéaux de virilité
Malgré la stigmatisation des hommes souffrant de problèmes d’image corporelle, ceux-ci sont soumis à des idéaux de « beauté » masculine aussi irréalistes et destructeurs que les femmes. De jeunes hommes avec d’énormes muscles définis, sans une once de gras, font la une d’innombrables films hollywoodiens, et sont les vedettes d’annonces publicitaires populaires pour des compagnies telles que Axe, autant à la télévision que dans les pages d’un magazine. Ken est aussi « parfait » que Barbie, alors pourquoi n’y aurait-il que les jeunes filles qui pourraient être influencées par de fausses représentations humaines?
Peur, honte et un gros secret
Mais pourquoi est-il si important que cette croyance erronée soit démystifiée? Premièrement, puisque plusieurs personnes considèrent que les TA sont des troubles féminins, les hommes qui en souffrent ont honte de leurs difficultés, et ne vont pas (ou très rarement) chercher de l’aide. Les troubles alimentaires ont le plus haut taux de mortalité de toutes les maladies mentales, il ne faut donc pas prendre cette problématique à la légère. De plus, ce mythe rend l’identification et le diagnostic des troubles alimentaires chez les hommes encore plus difficile. Les professionnels de la santé peuvent notamment être moins attentifs aux symptômes.
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Heureusement, de plus en plus d’hommes révèlent qu’ils ont souffert d’un TA, mais il y a encore beaucoup d’hommes qui souffrent en silence, et c’est entre autres pour eux que nous devons tous continuer à éduquer nos proches sur le sujet.
À la prochaine!
Gabrielle Vachon fudgeperfection.blogspot.com
Références:
http://www.nedic.ca/resources/documents/MaleBodyImageandEatingDisorder-IncreasingConcern.pdf
http://www.anad.org/get-information/about-eating-disorders/eating-disorders-statistics
Crédits photo: Istock/LiseGagne
Un « vrai » homme?