Depuis plusieurs années, des efforts importants ont été déployés afin de démystifier les troubles de l’alimentation (TA) et d’éduquer la population quant aux facteurs qui y contribuent. Les proches de personnes qui souffrent d’un TA ont tout particulièrement besoin de comprendre la maladie, de gérer leurs émotions face à celle-ci et surtout de définir le rôle qu’ils auront dans la guérison auprès de l’être cher. Être témoin de la souffrance chez l’autre, des comportements alimentaires problématiques et des changements corporels liés à la maladie constitue une grande épreuve. De plus, le déni de la maladie est souvent source de grande colère, d’incompréhension et d’un sentiment d’impuissance!
Le déni de la maladie est un phénomène fréquemment observé chez les personnes aux prises avec un TA et ce, particulièrement chez les adolescents. Le déni n’est habituellement pas un acte dirigé envers proches (et n’est donc pas à prendre personnellement), mais plutôt un mécanisme de protection et une réaction d’évitement face à un immense sentiment de peur (peur de devoir laisser aller des comportements qui permettent de gérer ses émotions et apporter une illusion d’être en contrôle de sa vie). D’ailleurs, lorsque des personnes en rémission d’un TA sont interrogées, plusieurs d’entre elles mentionnent ne pas avoir été conscientes d’avoir fait du déni!
Dans certains cas, le déni peut être intentionnel, tel que mentir en prétendant avoir déjà mangé, cacher des aliments pour donner l’impression de les avoir consommés, vomir en cachette ou falsifier son poids. Dans d’autres cas, le déni est non-intentionnel et est relié à un problème perceptuel lié à la maladie, tel qu’être incapable de constater que ses comportements sont anormaux ou le fait de se percevoir avec des rondeurs malgré une extrême minceur.
De quelles façons réagir au déni de la maladie ? Dans un premier temps, s’éduquer sur la maladie et savoir interpréter le déni comme une réaction de peur et non comme de la provocation. Dans un deuxième temps, si un TA est soupçonné, il est primordial de s’assurer que la personne concernée ait un bilan médical. Les TAs sont associés à plusieurs complications médicales qui peuvent, dans certains cas, être fatales. Dans l’éventualité où des anomalies seraient détectées, des chiffres concrets contribueront d’ailleurs à affaiblir le déni. Troisièmement, planifier de parler à la personne qui souffre de son TA en manifestant vos inquiétudes quant aux changements d’apparence et de comportements que vous avez observés chez elle. Malgré la frustration que peut engendrer le déni de la maladie chez les proches, il est important d’éviter de critiquer, de juger ou de blâmer. Ces stratégies encouragent habituellement le maintient du déni et le retrait de la personne avec un TA. Finalement, le rôle des proches est habituellement celui d’amener la personne à aller chercher de l’aide spécialisée et d’offrir du soutien. Cette étape peut nécessiter une bonne dose de patience, d’écoute et d’empathie, mais contribuera grandement à la guérison.
Dre Stéphanie Léonard, psychologue, blogueuse invitée
http://drestephanieleonard.com/