J’ai souffert de troubles alimentaires pendant 10 ans, de 15 à 25 ans. J’ai valsé de l’anorexie à la boulimie. Une danse très souffrante. Ma famille ne savait plus quoi faire pour moi et moi non plus d’ailleurs. Épuisée de me battre contre moi-même, j’étais au bout du rouleau.
Un soir, suite à une longue crise alimentaire, je pleurais en boule sur mon divan, la rage et le désespoir au cœur. J’étais certaine qu’il n’y avait pas d’issue. J’avais lu plusieurs témoignages de guérison sur Internet, mais j’y croyais peu. Puis, par la force du désespoir, j’ai pris le combiné et j’ai appelé ANEB. Une voix sans jugement, réconfortante et compréhensive m’invitait à aller dans un groupe de soutien ouvert d’ANEB pour les personnes souffrant troubles alimentaires, tout près de chez moi.
J’ai d’abord repoussé le moment de m’y rendre. Toutes les excuses étaient bonnes : « mon cas à moi est inguérissable », « on va tous comparer nos silhouettes et je serai la plus grosse », « je vais me sentir jugée », « on va me forcer à parler » …
J’ai finalement pris mon courage à deux mains et un jour, je me suis présentée. Mon cœur battait la chamade. Assise sur une chaise, j’observais les gens autour de moi. Le problème avec les troubles alimentaires, c’est qu’on se sent incompris et bien seul sur son île. Mais voilà que plus les gens parlaient, plus mon île devenait continent. Mes troubles et angoisses étaient partagés par d’autres que moi. Un poids énorme (sans mauvais jeux de mots), ce soir là, s’est enlevé de mes épaules. J’ai rencontré des gens qui étaient rendus plus loin que moi dans leur cheminement vers la guérison et, pour la première fois, j’ai imaginé la possibilité d’une lumière au bout du tunnel.
Aujourd’hui, je ne vous dis pas que je suis amoureuse de mon corps et que je me trouve fantastique à tous les matins. Pas encore. Mais je peux vous dire que dans ce groupe, au fils des soirs, j’ai appris sur moi, ma maladie, mes limites ; j’ai été entourée de gens qui m’ont reçue avec compréhension, j’ai redéfinie ma conception de la beauté et j’ai mis de côté la privation. Dans un mois, je fêterai mes deux ans de guérison. Il y a de l’espoir mes amis, il y a de l’espoir !
Une personne qui s’en est sortie
En ce moment je vis dans une impasse, et c’est vrai que j’aurai eu la même peur que toi, me demander si ça vaut le déplacement, si j’en suis rendue là… mais tout au fond de moi je le sais qu’il va falloir que je fasse quelque chose…
Je suis contente pour toi.
Bonjour Melle Borderline,
Parfois, il ne faut pas attendre d’en « être rendue là » avant d’agir et c’est ce qui peut nous apporter un grand soutien et éventuellement vous diriger vers la sortie de cette impasse, malgré la peur qu’on peut entretenir. Je vous suggère, lorsque vous vous sentirez prête, d’écrire à ANEB ou encore d’appeler à la ligne d’écoute gratuite et confidentielle au 1-800-630-0907. Ce peut être un début vers ce « quelque chose » qui pourrait vous faire du bien.
L’équipe ANEB
Depuis l’âge de 12 ans, je souffre d’anorexie nerveuse. J’ai été hospitalisée et suivie à Saint-Justine et à Douglas. J’ai maintenant 21 ans. Je veux guérir, je ne veux plus mourir. J’ai assez perdu. Je suis même capable de voir combien je suis maigre et ça me déplaît. Néanmoins, je n’arrive pas à passer à l’action. Je rêve de retrouver la santé mentale, et même physique! De me réapproprier mon existence, mes relations, mon autonomie… Mais, je ne lâche pas le contrôle. Je me couche tous les soirs en me disant demain… Je ne sais plus quoi faire. J’ai peur des groupes d’aide, c’est la seule chose que je n’ai jamais essayé. Je suis toujours restée silencieuse sur mon trouble, malgré les regards et soupçons. Je me demandais si le principe de marraine, comme pour les AA, existait pour TA?
Bonjour Sandrine,
Nous sommes désolé du délai de la réponse, votre commentaire s’était perdu. J’entends votre désir sincère de vous réapproprier votre vie et de vous sortir du trouble alimentaire. Parfois, il peut être difficile de passer de la pensée à l’action. C’est effrayant, c’est inquiétant et on a l’impression qu’on arrive pas à faire le saut. La prochaine fois que vous sentirez l’impulsion, n’attendez pas à demain. Je vous suggère de nous contacter sur la ligne d’écoute qui est gratuite, anonyme et confidentielle, au 514-630-0907 / 1800-630-0907. Vous avez peur des groupes de soutien? Il y a d’autres options. Il nous fera plaisir de les explorer avec vous et de trouver ce qui vous convient le mieux. Malheureusement, le principe de « marraine » n’existe pas, du moins chez ANEB. Par contre, si vous visitez notre forum, vous y trouverez des messages d’espoir et des oreilles attentives pour vous soutenir et vous encourager dans vos moments plus difficiles. Vous arriverez à passer à l’action, un petit pas à la fois.
L’équipe ANEB