En tant qu’intervenant, nos connaissances peuvent nous permettre de détecter plus facilement les signes d’une problématique liée à notre champ d’expertise chez un proche, comme par exemple, l’existence d’un trouble alimentaire. D’un côté, ce peut- être bénéfique dans l’optique d’entreprendre une intervention précoce pour prévenir l’évolution du problème de santé en question. D’un autre côté, les liens privilégiés que l’on entretient avec nos enfants, nos frères et sœurs ou nos parents, peuvent nous porter à dramatiser les comportements observés et à exercer une trop forte pression sur l’être cher pour contrôler la situation. Certains gestes ou décisions se voulant aidant peuvent ainsi en venir à porter atteinte à l’intégrité de la personne et au respect de son intimité. Nos réactions pourraient engendrer plus de conflits et nuire au maintien du lien de confiance nécessaire pour soutenir la personne.
Il est important de se demander si l’on peut être totalement objectif quand le rôle de parent et celui d’intervenant se chevauchent. Lorsque l’on est témoin de la souffrance d’un proche, notre degré d’implication et notre engagement dans la relation peut altérer notre façon de percevoir une réalité. Par exemple, comme infirmière je suis toujours alertée par le moindre signe présent chez un membre de ma famille. Une céphalée, une raideur, une douleur bénigne engendrent la peur démesurée de l’existence d’une pathologie grave, m’empêchant d’évaluer avec justesse le problème, sans m’inquiéter de façon démesurée. Pour cela j’ai toujours la prudence de référer mes proches à des ressources externes, tout en leur offrant la disponibilité et l’écoute nécessaire. Par ailleurs, notre position d’intervenant peut entraîner des attentes spécifiques chez notre entourage qui se distinguent du soutien habituellement attendu de la part d’un proche.
En tant que proche, nous pouvons à un certain point être submergé par nos propres émotions et se sentir impuissant lorsque nous avons épuisé toutes nos ressources personnelles pour soutenir la personne aimée. Il est important de verbaliser ses préoccupations dans de telles circonstances, et de reconnaître ses limites. La meilleure attitude à avoir pour préserver la confiance est d’éviter la confrontation, le jugement, le contrôle, et de favoriser davantage l’ouverture par une approche plus empathique. Il est essentiel de garder à l’esprit que les liens familiaux, émotionnels et personnels peuvent nuire à notre objectivité. Dans tous les cas, il faut respecter les limites que chaque rôle nous confère et ne pas confondre chacun d’eux.
Maguy Laure Verrier,stagiaire au BAC en sciences infirmières chez ANEB
Je suis tes . Dans mon cas je me disais mais non tu t en fais pour rien dramatise pas et j ai tardé de consulter pour ma fille.
Je suis une boulimique qui se purge quotiennement depuis mes 15 ans. Aujourd’hui, mon corps me fait sentir qu’il en a assez. Maux au bas du dos, douleurs qui va et qui partent dans la région abdominale, saute humeur et la liste est encore longue pour finir ce qu’il éprouve. Je suis fatiguée et parfois je ressens que mon coeur veut me lâcher. Je suis maintenant dans la quarantaine et je fais le même poids que lorsque j’avais 20 ans.
Je vois dans gens heureux mais moi je ne suis pas bien. La mort me guette c’est certain…..Au rythme fou et continuel que je me propulse à chaque repas dans cette maladie purgatoire nécessaire mais invivable.
Ma fille de 20 ans est hospitalisée à sa demande car c’était trop souffrant son trouble alimentaire. Je vais la voir à tous les jours. Parfois après 10 min elle ne veut plus me voir. Elle dit qu’elle ne veut pas que je la voit dans cet état. Lors des visites je dis rien ou presque, je la laisse me raconter sa journée. Cela se résume à ses frustrations des repas surveillés par les infirmières. Ça me brise le cœur. Je sais que le problème c’est pas la bouffe, mais un mal de vivre intérieur du à un événement troublant de son enfant. J’aimerais savoir quelle est l’attitude à adopter en tant que parent? Je me sens tellement gauche, parfois frustrée et triste, mais là plus part du temps …impuissante!
Bonjour Nicole, je comprends que cette situation doit être bien difficile à vivre pour vous. Effectivement, le fond du problème comme vous le nommez, n’est pas vraiment la nourriture, mais quelque chose qu’elle tente de gérer par les moyens qu’elle connait. Par contre, effectivement, cela ne doit pas être évident pour vous lors des visites à l’hôpital. Je suis d’avis que cela peut être quelque chose que vous discutiez avec elle. Par exemple, vous pourriez lui mentionner que pour vous aussi cela n’est pas facile de venir la visiter et de l’entendre parler uniquement de nourriture. Il est important de lui dire que vous comprenez sa souffrance, mais qu’il serait bénéfique pour vous deux que vous utilisiez ce moment pour parler d’autres choses! Cela vous ferait du bien, en fait autant à vous qu’à votre fille. Il pourrait être intéressant pour vous aussi de nous contacter sur la ligne d’écoute, entre 8h le matin et 3h le matin (disponible tous les jours). Nous pourrions ainsi parler d’avantage de votre situation et trouver des pistes de solution ensemble. Le numéro pour nous joindre est le 514-630-0907 (Montréal) ou encore le 1-800-630-0907 (ailleurs, sans frais). Nous avons aussi des groupes de soutien pour les proches. Deux types de groupes de soutien sont offerts pour les proches, nous pourrons vous expliquez en discutant avec vous par téléphone la différence entre les deux. Vous pouvez aussi consulter notre site internet au anebquebec.com pour de plus amples informations.
N’hésitez pas à nous contacter, vous n’êtes pas seule au travers de cette épreuve, ANEB est là pour vous aider! Courage à vous et à votre fille, et au plaisir de pouvoir échanger à nouveau.