J’ai décidé de transmettre ce texte parce que j’aurais aimé entendre quelqu’un me dire ces mots…
Laissez-moi vous raconter mon histoire.
J’ai l’impression que les gens ont parfois de la difficulté à saisir ce qu’est l’anorexie. Malgré ma peur de me révéler à vous, je veux vous aider à décomplexifier une maladie qui est difficile à comprendre. Moi-même, parfois, je ne comprends pas toutes les subtilités des pensées de ma maladie. Je vais tenter de vous raconter mon histoire, aussi banale soit-elle. Peut être comprendrez vous mieux le mal qui nous ronge de l’intérieur.
L’anorexie se révèle pour plusieurs raisons. Il est parfois impossible de cerner une seule cause. Dans mon cas, depuis que je suis toute petite, j’ai de la difficulté à gérer les émotions, qu’elles soient positives ou négatives. La séparation de mes parents, la naissance de mon petit frère, l’éloignement de ma mère après sa naissance, l’intimidation scolaire, mon trouble anxieux et ma puberté précoce (que je n’ai pas du tout accepté) semblent avoir aidé au développement de la maladie. Au début, mon trouble se caractérisait par la peur intense de goûter de nouveaux aliments. Je mangeais toujours la même chose et je refusais de goûter quoi que ce soit de nouveau.
Ce n’était pas parce que je pensais à mon poids, mais c’était une façon de garder le contrôle et de gérer mon anxiété en me créant une routine alimentaire sécurisante. Par la suite, cela a évolué vers mon secondaire, alors que j’ai commencé à faire de l’acné. Dans un effort constant de fuir les aliments trop souvent nommés comme “propice” au développement des boutons, je passais des heures à l’épicerie pour regarder la composition des aliments. Mon alimentation est alors devenue encore plus sélective.
Je me suis aussi mise à m’entraîner et à courir toujours de plus en plus longtemps, plus souvent et plus intensément. Dans ma tête, je devais éliminer la souffrance associé à la nourriture et à l’acte de manger. Je ne voyais plus la maladie du même œil. La peur et l’anxiété ont pris tellement de place que la nourriture et mon corps devenaient mon bouc émissaire.
Le pouvoir et la force que je ressentais lorsque je perdais du poids m’offrait un sentiment d’euphorie. Mais ma mère me voyait faire et avait peur pour moi donc elle m’a emmené chez la pédiatre. À ce moment, je mangeais encore, et mon trouble s’apparentait beaucoup plus à de l’orthorexie (obsessions de manger sainement), mais les portions ont également diminuées. Le résultat était l’ hospitalisation.
Malgré les bons soins, j’étais si obsédée par l’idée d’être une “ bonne anorexique”, que je n’ai jamais remonté la pente. On m’a fait sortir le 6 octobre 2018 parce que plus rien ne semblait fonctionner. Ils m’ont fait sortir pour voir si le fait de retrouver ma vie pouvait m’aider.
Malgré tous les efforts, je bloquais.
Cela à pris deux semaines pour revenir en pédiatrie aussi mal en point que la première fois. Pendant c’est deux semaines là, j’ai arrêté de manger. Je voulais montrer au monde entier ma maladie et leur montrer que je souffrais. Que j’étais importante. Je ne savais pas comment le dire avec des mots. J’ai passé mon 16ème anniversaire là-bas. J’avais perdu goût à tout, mais surtout à la vie. J’ai été transféré en pédopsychiatrie encore une fois lorsque mes signes vitaux étaient plus stables. Je faisais beaucoup d’hyperactivité et je n’arrivais même plus à boire de l’eau. Je faisais des crises de panique à la vue de la nourriture. Je suis resté à l’hôpital jusqu’au premier mai 2019, donc pratiquement 1 an. J’ai appris à manger petit à petit. J’ai eu des compléments alimentaires très longtemps. Mais maintenant, après plusieurs rechutes et encore une dizaine d’hospitalisations et thérapies, après plusieurs souffrances et expériences mettant ma vie en danger, j’avance enfin.
Je ne dis pas que je m’en suis sortie loin de là. Mon TCA m’apporte encore beaucoup de souffrances et de difficultés, mais j’ai appris que personne ne pouvait contrôler mes comportements à part moi. Donc, je mange. Et je sais comment c’est difficile. Comment la maladie prend tellement de place qu’on dirait qu’elle prend une partie de ta personnalité, de ta fierté. Mais je te jure que tu vaux plus que ta maladie. La décision de te rétablir de ta maladie, c’est le meilleur choix que tu peux faire. Tu ne le vois peut être pas et je peux me compter là dedans, mais fais confiance en la vie et surtout en toi. Personne ne guérira à ta place. Personne ne sera heureux/heureuse à ta place. Je veux te voir envoyer promener cette maladie qui te ronge. Si j’ai réussis, tu peux toi aussi, réussir.
Je veux te voir gagnant.e.
Je veux que tu sois ta plus grande victoire !
Merci de m’avoir lu et merci à ANEB dont les services sont des outils indispensables de guérison pour moi.
– Arianne Maltais
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Wow!!! Quel défi tu fais…..un grand geste d.amour pour toi…un jour a la fois….. comme tu as fais..bravo..y a quoi être fière…..je te souhaites la santé….car la volonté…tu l’as…. Aies toujours confiance en toi et à la vie……xxxxx
Bonjour Sylvie,
Merci pour votre commentaire. C’est une beau témoignage de votre soutien.
Je te félicite Ariane de persévérer malgré tout. Oui un pas a la fois. Ta mère t aime tellement et je suis fière de toi,tu ne le sait peut être pas ,mais tu es une battante et oui donne une chance a la vie , ta vie.
Bonjour Hélène,
Merci pour le beau message d’espoir que vous laissez en commentaire. Sachez qu’ANEB offre du soutien aux proches également, n’hésitez pas à venir discuter avec nous sur l’un de nos service si vous en ressentez le besoin.
Super beau témoignage à Roanne je suis très fier de toi pour toi continu tu en vous la peine bravo super grand pas de franchi
Belle Ariane,
Merci pour ce beau témoignage. Je ne te connais pas mais je suis très fière que tu ais pris la peine de partager ceci. Je suis un parent qui accompagne présentement une ado et je souhaite lui partager un petit bout de ta vie pour l’aider concrètement. Espérons que tu puisses allumer une certaine étincelle. Merci encore!
Bonjour Céline,
Merci pour votre commentaire.
Ça prend effectivement beaucoup de courage pour témoigner comme Arianne l’a fait. Ça prend également beaucoup de force et de courage pour accompagner une personne souffrant d’un trouble du comportement alimentaire. Cette adolescente que vous accompagnez est chanceuse de vous avoir comme soutien.
Sachez que l’équipe d’ANEB est là pour vous soutenir en tant que proche. N’hésitez pas à entrer en contact avec nous via nos services si vous ressentez le besoin de parler :
– Nous avons une ligne d’écoute et de références (gratuite et confidentielle) qui est ouverte de 8 h AM à 3 h AM à tous les jours. Vous pouvez nous joindre au 514 630-0907 (Montréal) ou au 1 800 630-0907 (ailleurs au Québec).
– Nous avons un service de clavardage offert de 16 h à minuit du lundi au vendredi et de midi à 21 h la fin de semaine. Vous pouvez y avoir accès via ce lien : https://anebados.com/clavardage/.
– Nous avons un service de texto qui est offert de 11 h à 20 h du lundi au vendredi en textant au 1 800 630-0907.
Wow Arianne,
Quelle force et capacité innée de mettre les mots juste sur cette maladie. Je me reconnais très bien dans la description de ton parcours. On sent ta détermination et ton courage dans ce témoignage extrêmement touchant. Avoir confiance en la vie et en soi, j’y crois.
Bonjour Michele,
Merci pour votre commentaire. Il est vrai qu’une grande force et une bonne capacité d’introspection sont nécessaires afin de mettre les mots sur ce que l’on vit. J’entends que vous vous reconnaissez dans le témoignage d’Arianne. Si jamais ça suscite chez vous des émotions ou des pensées et que vous souhaitez en discuter, l’équipe d’ANEB est là pour vous.
– Nous avons une ligne d’écoute et de références ouverte en tout temps de 8 h du matin à 3 h du matin. Vous pouvez nous joindre au 514-630-0907 (Montréal) ou au 1 800 630-0907 (ailleurs au Québec).
– Nous offrons un service de clavardage de 16 h à minuit la semaine (lundi au vendredi) et de midi à 21 h le week-end (samedi et dimanche). Vous pouvez y avoir accès en suivant ce lien : https://anebados.com/clavardage
– Nous avons un service de texto qui est offert de 11 h à 20 h du lundi au vendredi. Vous pouvez parler à un.e intervenant.e en textant au 1 800 630-0907.