En 2015, j’ai eu un diagnostic d’anorexie, l’anorexie, ma maladie, la maladie de plusieurs personnes dans ce monde. Une maladie autant mentale que physique, une maladie dont le traitement ne réside pas uniquement dans l’action de manger, contrairement à l’opinion populaire.
Cette maladie qui m’a détruite, qui m’a volé mon adolescence une des périodes les plus joyeuses, les plus fondamentales et constructives dans la vie d’un humain et citoyen. Au lieu de ça, au lieu de profiter tout bonnement et innocemment de ce que je considère comme les plus belles années d’une vie comme la majorité des jeunes de cet âge, moi je développais doucement, mais sûrement une obsession maladive pour la balance et ces chiffres ainsi qu’à l’isolement.
Cette maladie qui m’a rendue bien évidemment obsédée par la nourriture. Les aliments sont en effet devenus ma principale préoccupation du matin au soir. Toutes ces obsessions incessantes étaient en fait le reflet d’un besoin pressant de contrôle, je voulais du contrôle absolument et c’est dans ces obsessions face à mon alimentation et mon poids ou j’en ai trouvé, mais malheureusement comme tout chose qu’on bâtit sur des bases malsaines, le contrôle ne dure hélas pas longtemps à cause des répercussions physiques qui deviennent inévitables.
Avec le travail que j’ai fait sur moi-même j’ai pu me débarrasser de ce contrôle malsain.
En effet, j’ai été obligé d’être hospitalisé ici, j’ai donc compris très rapidement que l’anorexie m’avait enlevé ma famille, mes amis, mes études et mes passions. Ça m’a pris au total 4 hospitalisations pour m’en sortir…
Est-ce que c’était si simple de s’en sortir ? Pas du tout ! Cela a pris 4 ans de ma vie, 4 ans de dur travail sur ma personne. Le chemin de la guérison demande beaucoup de patience et les rechutes peuvent faire partie de ce cheminement. J’ai appris aussi que ces rechutes ne signifient pas l’échec de mon processus de guérison, mais qu’ils font partie de la recette pour s’en sortir, justement.
Pour arriver à remonter les multiples pentes de ce processus, il faut savoir s’allier et accepter l’aide offerte comme parlée à un professionnel, parler avec une personne proche ou faire des activités qu’on aime. Parce que finalement, tout ce que la maladie veut, c’est répondre à ces voix qui nous hantent constamment en nous demandant de renouer avec nos anciennes habitudes. Le rôle des professionnels a été fondamental pour m’aider à vaincre ces voix et c’est seulement quand on réussit à avoir le dessus sur ces voix qu’on commence à goûter enfin aux petits plaisirs de la vie.
Aujourd’hui, ça fait officiellement 4 ans que je peux affirmer être complètement sortie de cette maladie. Trois ans plus tard, je peux aussi affirmer être une diplômé en éducation spécialisée.
À travers ces quatre années, je suis retournée à ma passion qui est le soccer et je me rapproche de plus en plus de mon objectif de jouer pour une équipe professionnelle. Aussi, je ne peux qu’être reconnaissante de tout ce que j’ai entrepris, mais rien n’a été facile même si rien n’aurait été possible sans tout le travail accompli auparavant.
Mince n’est pas la définition de la beauté. Personnellement je crois que c’est le fait d’être bien dans sa peau qui l’est. Être bien dans sa peau amène un sentiment de liberté, j’ai appris avec le temps l’importance de prendre soin de mon corps surtout à son écoute, car j’ai un seul corps et il mérite mon attention, et tout mon amour.
– Amani