
À toi qui te regardes dans le miroir avec ce mélange de haine, de dégoût et de tristesse.
À toi qui penses que tout tourne autour de ce que tu manges, que ton poids détermine qui tu es.
À toi qui vis dans la privation, l’obsession, la culpabilité et le contrôle.
À toi qui te réveilles chaque matin avec ce poids invisible sur les épaules, bien plus lourd que ce qu’indique la balance.
À toi qui calcules chaque bouchée, chaque calorie consommée ou brûlée, comme si ta valeur en dépendait.
À toi qui évites les repas partagés, ces moments précieux, parce que la peur te domine.
Je veux te dire que j’ai été toi.
Tu n’es pas seule. D’autres ont mené cette bataille avant toi.
Pendant deux pénibles années, j’ai vécu dans cette prison invisible qu’on appelle l’anorexie.
Aujourd’hui, j’en suis libérée, et je veux te dire qu’il est possible de s’en sortir.
Comme toi, je voulais « être belle » selon les normes imposées par la société.
Je croyais que contrôler mon poids m’apporterait cette fierté que je cherchais désespérément.
Mais plus je perdais du poids, plus je perdais l’envie de vivre.
Quand tu crois que ta plus grande réussite est de perdre du poids, tu te prives de voir tout ce qui fait ta vraie valeur.
Tu es bien plus qu’un simple chiffre sur une balance. Réduire ta vie à cela, c’est oublier à quel point tu es unique et précieuse.
Pour toi, ce chiffre est devenu une obsession, une dictature. Mais il n’est qu’une donnée, une mesure de ta relation avec la gravité.
Il ne dit rien de ta personnalité, ni de ta valeur réelle.
Ton poids ne définit pas la personne exceptionnelle que tu es ou que tu peux devenir.
Manger est devenu une bataille. Chaque bouchée semble une victoire… ou une défaite. Mais tu comprendras, un jour, une vérité essentielle : manger n’est pas un droit que tu dois mériter.
Ce n’est pas une récompense ni une punition. Manger est un besoin vital, comme respirer ou dormir.
Tu n’as pas besoin d’attendre d’avoir faim pour t’autoriser à manger, tout comme tu n’attends pas de suffoquer pour respirer.
Ton corps mérite d’être nourri simplement parce qu’il en a besoin pour vivre.
Manger, ce n’est pas un luxe, mais un acte d’amour envers toi-même. C’est un geste vital qui soutient tout ce que tu es capable d’accomplir.
Te priver, c’est perdre tout ce qui fait la richesse de ta vie. Ce n’est pas un signe de force, mais une manière de te couper de toi-même et des autres.
Ton lien avec ton corps, avec toi-même, mérite mieux que cette lutte incessante.
Il doit reposer sur l’amour sincère que tu te portes, sur le respect de tes besoins et de tes limites. Guérir, c’est apprendre à transformer cette obsession en une relation douce et bienveillante avec toi-même.
Aujourd’hui, je regarde mon parcours avec gratitude.
Pas pour la douleur, mais pour la force que j’ai trouvée en moi pour m’en sortir.
Et toi, tu as cette même force. Elle est là, cachée sous tes doutes et tes craintes.
Ta valeur ne se mesure pas en kilogrammes ni par les épreuves que tu traverses.
Tu es bien plus que cela : tu es la somme de tes forces, de tes qualités uniques et de tout ce que tu apportes aux autres.
Les difficultés que tu traverses ne te définissent pas. Elles sont des étapes sur le chemin de la résilience et de la vie.
Un jour, je te le promets, tu te regarderas dans le miroir avec amour et fierté.
Tu comprendras que tu es bien plus que ton poids et bien plus que tes blessures.
Tu seras toi. Et ce sera suffisant. Tu seras magnifique.
Clara M.
Il m’a fait plaisir de rédiger ce texte dédié à une cause qui me tient à coeur.
Quel touchant et magnifique témoignage! Aussi magnifique que la personne qui l’a écrit et celles qui l’ont lu.