Entretien avec la directrice générale d’ANEB, Josée Champagne, dans le cadre de la journée nationale de la philanthropie 2021.
Qu’est-ce que la philanthropie, pour toi?
Au-delà du soutien financier, pour moi, la philanthropie est le dévouement et l’engagement de soi envers une cause. C’est offrir de son temps pour aider des gens dans le besoin. Depuis que je suis directrice générale d’ANEB, j’ai été profondément touchée par le nombre de personnes qui se sont donné corps et âme pour la cause des troubles alimentaires et ANEB.
Pourquoi avoir choisi la cause d’ANEB?
Ayant vécu de la grossophobie lorsque j’étais enfant et adolescente, j’ai toujours été très sensible aux enjeux entourant le poids et l’image corporelle. Depuis un très jeune âge, je savais que je voulais sensibiliser les jeunes à l’impact de l’intimidation entourant le poids, car cette intimidation que j’ai vécue a eu un impact terrible sur mon estime et ma perception de soi. Également durant mon adolescence, une bonne amie s’est ouverte à moi et m’a partagé qu’elle souffrait d’un trouble alimentaire. En toute transparence, je me suis sentie complètement impuissante, car je ne savais pas quoi dire et comment l’aider. À l’époque, il n’y avait aucune ressource disponible pour l’aider! Je trouvais cette situation complètement inacceptable et je voulais changer les choses et faire une différence pour elle! C’est principalement pour ces deux raisons que la cause des troubles alimentaires m’a si interpellé.
Les gens qui ont marqué mon parcours sont nombreux. Je parlerais de :
– Dorita Shemie Ma superviseure de stage en travail social au Programme des troubles alimentaires de l’Institut en santé mentale Douglas. En fait, Dorita est LA personne qui m’a invité à m’impliquer au sein d’ANEB comme bénévole.
– Ann Davidson J’ai rencontré Ann lorsque j’ai accepté le poste de directrice générale d’ANEB en 2000. Ann a accueilli ANEB à bras ouverts dans les locaux du Centre de ressources communautaire de l’Ouest-de-l’Île (CRC). Étant directrice générale du CRC à l’époque, elle est rapidement devenue une mentore ainsi qu’une amie. Ses conseils, son dévouement, sa persévérance et son écoute ont contribué à mon parcours de DG.
– Line Boivin Une simple rencontre dans les bureaux du CRC a mené à une amitié de longue date et une implication soutenue pendant plusieurs années. Son expertise en marketing, sa rigueur, son souci du détail et sa vision d’ANEB m’ont grandement influencé dans mon rôle de DG.
– Sybil Dahan Présidente du CA d’ANEB. Un “cold call” a mené à une rencontre avec cette femme d’affaire accomplie. Son sens des affaires, sa bienveillance, sa très grande disponibilité, sa rétroaction ont contribué à me sortir de ma zone de confort et à repousser mes limites comme DG.
Ce qui m’inspire au quotidien : La résilience des gens qu’on aide. Malgré le désespoir, nos usagers ne lâchent pas. Chaque jour, nous sommes témoins de petits pas de souris dans leur rétablissement. Ce qui me touche profondément c’est lorsque des gens que nous avons aidé veulent aider en retour et témoignent de comment l’organisme a été clé dans leur processus de guérison. Mon équipe et mon CA! À tous les jours, je suis émue de constater à quel point mon équipe et mon CA se dévouent pour la cause et l’organisme. La mobilisation de nos partenaires. Nous avons tous un but commun : aider les gens qui souffrent.
Je suis tellement fière d’où est rendu ANEB. C’est grâce à toutes les personnes qui s’impliquent de proches et de loin que nous sommes en mesure de tendre la main à plus de 17 000 personnes en 2021. En cette journée de la philanthropie, je tiens à les remercier sincèrement.
– Josée Champagne, Directrice Générale chez ANEB Québec
via Espace Idées
La philanthropie, un secteur professionnel
Au Canada, le secteur de la philanthropie génère 251 milliards de dollars en revenus, emploie 1,7 million de personnes à temps plein ce qui représente 12% de la main-d’oeuvre canadienne (Étude de CanaDon.org, 2017).
Les organismes grouillent de professionnels expérimentés! Ce n’est pas pour rien qu’il existe l’Association canadienne des professionnels en philanthropie et, plus près de nous, l’Association des professionnels en gestion philanthropique du Québec (APGP). Plusieurs formations universitaires sont offertes à travers le Canada et les États-Unis. Au Québec, l’Université de Montréal propose maintenant un certificat en gestion philanthropique.
C’est aussi un secteur de confiance! En 2013, la Fondation Muttart a publié la cinquième édition de son sondage, Talking About Charities. Plus de 3 800 Canadiens y ont participé et « près de quatre Canadiens sur cinq ont affirmé faire « beaucoup confiance » ou « une certaine confiance » aux organismes à but non lucratif.