La Poutine Week, qui a lieu du 1er au 7 février, s’associe à la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires en versant 1$ par poutine vendue à ANEB. Jordan Dupuis nous parle de l’importance de cette association, de la relation qu’il a longtemps entretenue avec la nourriture (et ce repas), mais aussi, et surtout des apprentissages qu’il a faits avec le rétablissement.
Je ne vous apprends rien en vous disant qu’au Québec, s’il y a bien un repas avec lequel nous entretenons une relation amour/haine, qu’on considère comme trop souvent interdit, engraissant, synonyme de malbouffe, de « laissez-aller », c’est bien la poutine. Pourtant, la poutine est une fierté nationale et c’est tout ce que l’on souhaite quand vient le temps d’une explosion de saveurs !
Durant mes années d’hyperphagie, manger de la poutine se faisait bien souvent seul et en cachette, à l’abri des regards réprobateurs qui feraient une association négative entre ma poutine et mon surpoids. Même si cela faisait parfois 7 jours que je ne mangeais presque rien tentant de perdre du poids avec un énième régime….
Manger une poutine sur un banc de parc relevait de l’impossible, me jugeant durement de cet « écart » alimentaire. Pour bien des personnes vivant avec un trouble alimentaire, la poutine est soit le démon, soit l’aliment de réconfort suprême, ou les deux en même temps; ce qui était mon cas. Nous associons depuis trop longtemps poutine et interdit, quand le problème ne réside pas dans l’aliment, mais bien dans la perception qu’on lui donne. Aucun aliment n’est interdit dans la vie, bien au contraire, tout est permis quand cela est fait de façon saine. Aujourd’hui, suite à la thérapie, j’ai compris que j’ai le droit de manger ce qui me plait et quand cela me plait, dans la mesure où je le fais pour les bonnes raisons, soit le plaisir de manger sans culpabilité et sans jugement. Je ne démonise plus certains aliments… et c’est cela la clé.
Lorsque je pense à mon hyperphagie, je ne peux que penser à une cage fermée. Mon trouble alimentaire m’a gardé isolé durant tant d’années. Il m’a coupé du monde extérieur à plusieurs niveaux, a mis mes rêves professionnels sur la glace, m’a empêché de vivre une vie sexuelle et affective saine et surtout, a réussi à me déconnecter de mon corps, cette importante machine que j’ai tant maltraitée au point de ne lui accorder plus aucune valeur ni respect.
Apprendre à se pardonner
Anorexie et boulimie Québec (ANEB) m’a permis de comprendre qu’il s’agit d’une maladie, que je peux et que je dois me pardonner. Depuis ma guérison, j’ai accompli une foule de choses que je souhaitais faire. J’ai réalisé des rêves que je n’avais jamais pensé atteindre pendant le « peek » de mon trouble alimentaire. Le plus important? Je m’accorde aujourd’hui de la valeur, je suis capable de dire non et je me nourris de positif. Je respire à pleins poumons, je savoure la vie et cela inclut assurément… la poutine!
Jordan Dupuis, animateur, chroniqueur, journaliste culturel et ambassadeur d’ANEB
Pour connaître les restaurants participants, visitez le site Web de La Poutine Week.
Ton témoignage à l’émission Denis Lévesque était
Touchant . Tu dégages beaucoup de positif.
Bravo!