* Une séance de clavardage gratuite aura lieu le 24 avril, de 19 h à 21 h, pour les personnes aux prises avec un trouble alimentaire via anebquebec.com/services/aide-en-ligne/clavardage.
Facebook me rappelle aujourd’hui qu’il y a 5 ans, je publiais une partie de mon « histoire » avec Ed. Ed, c’est eating disorder. C’est inspiré d’un livre (Life without Ed) qui m’a accompagné dans certains moments difficiles et qui m’a permis de mettre certaines astuces en place. Au cours des 5 dernières années, bien des choses se sont passées. Baccalauréat, maîtrise, nouvelles fonctions au travail et achat d’une maison, pour ne nommer que cela. Au cours des 5 dernières années, j’ai affronté une autre facette de la maladie et j’ai témoigné (notamment grâce au nutritionniste Hubert Cormier) sous le nom de Loup. Je me disais que ce ne serait pas bien qu’on m’associe à un trouble alimentaire. Encore des préjugés, et je ne voulais pas me nuire. Force est de constater que ce n’est pas parce que je vis quotidiennement avec certains démons alimentaires que je ne peux pas réussir. Oui, les personnes avec des problèmes alimentaires ont parfois certains traits de personnalité semblables. Oui, les antécédents familiaux peuvent avoir un impact sur le risque de développer un trouble alimentaire. Ceci dit, chaque cas est unique et une multitude de facteurs de risque peuvent avoir un rôle à jouer dans le développement des troubles alimentaires. Et non, la « guérison » d’un trouble alimentaire ne se fait pas du jour au lendemain, en tout cas, ce n’est pas mon cas.
Au cours des 5 dernières années, je suis tombée dans un autre gouffre. À mon entrée à l’université, la boulimie m’attendait à la porte. C’est une manière de parler, mais rapidement je savais que je m’enfonçais. Dès le premier épisode de boulimie, j’ai pris rendez-vous avec une psychologue. Je savais que je venais d’entamer une autre bataille, une bataille difficile. Tenter de comprendre pourquoi, comment. Se cacher, se recroqueviller tellement on a honte. Pourquoi avoir ce comportement si destructif? Inscription à des groupes d’ANEB.
J’ai rencontré des personnes incroyables (vous vous reconnaissez) qui ont su m’accueillir, sans jugement, et me soutenir. Art thérapie, psychothérapie, écriture, art, mais surtout communication. Comment apprendre cela à ses proches, ils doivent bien voir que ça ne va pas, que je me cache aux toilettes?
Avoir peur de faire des hémorragies digestives tellement je me suis infligé de mauvais traitements. Alternant entre honte, colère, tristesse.
J’utilise des termes crus et je me demande si je vais oser publier cela.
Aujourd’hui, le 19 février 2019, cela fait pratiquement 2 ans que je n’ai pas eu de crise. Une recette? Aucune de parfaite et d’unique. Des ingrédients clés : le soutien de tes proches, de la confiance, de la patience et de la résilience.
Un contrat avec moi-même
J’ai pris l’initiative de passer un contrat avec moi-même et d’y inclure de nombreuses personnes importantes pour moi (équipe de ringuette/des femmes en or, des amis et des proches), afin de changer les choses. J’ai passé plus d’un an avec des crises quotidiennes, plusieurs par jour parfois, et c’était assez. Je savais qu’en en parlant à mes proches, je me rendais imputable. C’est comme si c’était le coup de pied au cul dont j’avais besoin pour que je sente que j’étais capable. Je me disais que peut-être que certains auraient des trucs, mais c’était aussi pour que lors de mes moments de faiblesse, j’appelle quelqu’un ayant signé ce « pacte » pour ma santé et me débarrasser de Ed. C’était mon filet de sécurité. Je devais agir, et vite. Je ne me reconnaissais plus. Je voulais rayonner. Je voulais être fière de moi. Je voulais profiter de la vie et non pas m’enfoncer dans la boulimie. C’est comme si je me mettais dans l’eau chaude, j’ai accepté que mes proches voient ma vulnérabilité et je leur ai demandé leur soutien. J’ai un entourage qui vaut plus que bien des choses toutes rassemblées. Oui, encore aujourd’hui ce n’est pas comme si de rien n’était. Oui, j’ai encore des commentaires sur mes lunchs, mes habitudes alimentaires, mais aujourd’hui je l’assume et je travaille sur moi-même, mes besoins et mes défis. Mes défis ne sont pas les tiens et tes défis ne sont pas les miens. L’humain a tendance à se comparer, et c’est un défi que de ne me comparer qu’à moi-même et de penser au chemin que j’ai fait et à celui que je veux tracer pour l’avenir.
Je vis de beaux moments avec de beaux défis personnels et professionnels. Pour faire une image, c’est comme si mon trouble alimentaire était de nombreux ballons attachés à moi. Actuellement, bon nombre d’entre eux sont partis dans le ciel et très peu d’entre eux, de très légers, demeurent près de moi. Un jour, peut-être qu’il n’y en aura plus aucun, mais pour l’instant, ceux qui restent je les accepte et je travaille toujours à diminuer leur présence quotidienne dans ma vie. Mais tsé, des ballons, ça peut être beau.
Vickie
Vous avez besoin de parler? Vous avez des questions en lien avec les troubles alimentaires? 1 800 630-0907/ 514 630-0907 anebquebec.com/anebados.com. Un service de texto (au 1 800 630-0907) et de chat via anebados.com est aussi disponible pour les 14-20 ans ainsi que des groupes de soutien pour les personnes de 17 ans et +.