Encore aujourd’hui, le suicide demeure un sujet tabou. Pourtant, les statistiques qui y sont liées sont malheureusement éloquentes: chaque jour, trois personnes s’enlèvent la vie dans notre province, faisant du Québec la province où nous retrouvons le plus haut taux de suicide au Canada. Et c’est sans parler du nombre de tentatives non complétées.
Comme pour n’importe quel type de trouble de santé mentale, les troubles alimentaires sous-entendent, bien entendu, une détresse psychologique importante chez la personne qui en souffre. Et qui dit détresse implique la possibilité que l’individu en vienne au suicide. L’anorexie est d’ailleurs un trouble psychiatrique qui affiche un taux élevé de mort par suicide. Le but de cet article n’est pas d’alarmer qui que ce soit, mais d’énoncer des faits et d’offrir quelques outils pour porter assistance à une personne qui vous est chère.
La première des choses lorsque vous soupçonnez une personne de penser au suicide est de lui poser directement la question, au moment opportun. Autrement dit, de demander : «Penses-tu au suicide?» Beaucoup de gens éprouvent un malaise à cette étape parce qu’ils ont peur de «donner l’idée» à la personne qui ne semble pas aller bien. Or, dans toutes les formations que vous pourrez avoir sur l’intervention en crise suicidaire, c’est la chose à faire. Connaître la réponse nous permettra de savoir à quoi s’en tenir, de ne plus être dans le doute et de pouvoir accomplir les actions adaptées à la situation de la personne. Même si elle ne songe pas au suicide, cela ne signifie pas que sa détresse ne doit pas être entendue et que son état ne doit pas être surveillé de près.
Si vous avez la confirmation que la personne songe au suicide, un petit outil que les professionnels du milieu utilisent est le COQ. Le COQ consiste en trois questions simples. «Comment penses-tu te suicider?» «Où penses-tu le faire?» et «Quand?». Plus le moyen pour mettre fin à ses jours est accessible et plus le «quand» est dans un avenir rapproché, plus la situation est urgente.
Il y a plusieurs attitudes à adopter face à une personne suicidaire, dont celles-ci:
Il faut à tout prix éviter de rester dans le secret. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Il faut aller chercher de l’aide pour soi et garder à l’esprit que nous vivons nous aussi des émotions face à la détresse de la personne aimée.
Il faut éviter de minimiser les pensées suicidaires de la personne ou encore donner des recettes de bonheur, car nous avons tous notre propre conception de la vie et de la mort.
Exprimez à la personne votre inquiétude à son égard et ne lui tournez pas le dos, surtout si elle semble s’engouffrer encore plus dans l’isolement. Elle a besoin qu’on lui tende la main pour prendre progressivement conscience que le suicide est une solution permanente à une souffrance intense qui est temporaire.
Il faut garder en tête qu’une personne qui veut mettre fin à ses jours ne souhaite pas réellement mourir, mais arrêter de souffrir. Il existe, consciemment ou inconsciemment chez cette personne, une ambivalence entre le désir de vivre et de mourir et c’est sur cette ambivalence qu’il faut « jouer » pour faire grandir la partie de la personne qui veut vivre. Demandez-lui ce qui fait qu’elle est encore aujourd’hui parmi nous, ce qui la raccroche à la vie.
Très important : méfiez-vous lorsqu’une personne qui avait des pensées suicidaires semble soudainement se porter à merveille, du jour au lendemain. C’est parfois un signe trompeur dû au fait que sa planification suicidaire est complète (La personne se sent soulagée parce qu’elle se dit qu’elle quittera bientôt ce monde.).
En tout temps, vous pouvez faire appel aux policiers ou encore communiquer avec Suicide Action Montréal (SAM) au 514 723-4000. SAM aide autant les personnes suicidaires que leurs proches, les personnes endeuillées par le suicide ainsi que les intervenants du milieu. N’hésitez pas à remettre à la personne qui semble présenter un risque ce numéro pour qu’elle puisse appeler en cas de besoin.
Sources :
ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DE PRÉVENTION DU SUICIDE. Aider un proche, réf. du 26 octobre 2013, http://aqps.info/aider/aider-proche.html
CENTRE DE SANTÉ ET DE SERVICES SOCIAUX DE L’OUEST DE L’ÎLE. Prévenir le suicide : parlons-en, réf. du 26 octobre 2013, http://www.csssouestdelile.qc.ca/fileadmin/csss_odi/soins_et_services/sante_mentale/Pamphlet_version_finale_LE_SUICIDE_PARLONS-EN_bil.doc
SANTÉ-MÉDECINE.NET. Conséquences psychologiques de l’anorexie mentale, réf. du 26 octobre 2013, http://sante-medecine.commentcamarche.net/faq/4862-consequences-psychologiques-de-l-anorexie-mentale
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Merci pour ce billet il aidera certainement des gens.
Merci Madame Pilon pour votre commentaire ! J’espère aussi qu’il aidera plusieurs personnes, c’était le but en l’écrivant!
KAS