
Quand j’avais 8 ans, j’ai senti en moi quelque chose qui me rongeait de l’intérieur.
De la peur, de la honte, un sentiment de mal-être et quand je me retrouvais seule avec moi-même, des pensées envahissantes me venaient à l’esprit. Je détestais me regarder dans un miroir, je me trouvais laide et m’habiller était un calvaire.
Je disais souvent à ma maman que je me trouvais grosse et que mes amies étaient toutes plus belles que moi.
Ma mère a essayé plusieurs fois d’en parler à des psychologues et des médecins, mais ils disaient que j’étais trop jeune pour avoir un trouble alimentaire, que c’était juste de l’anxiété et que ça allait passer avec le temps.
Les années ont passé, l’anxiété grandissait en moi et mes pensées aussi. J’ai développé des tics intenses, car je savais plus comment gérer ce qui se passait à l’intérieur de moi.
J’ai grandi avec ce mal-être et à 12 ans j’ai décidé de devenir végétarienne car la viande était devenue anxiogène pour moi, car j’étais convaincue que ça faisait grossir et que si j’en mangeais j’étais une mauvaise personne.
Après, tout a déboulé avec les années. J’ai eu un diagnostic d’anorexie restrictive à 13 ans et plus le temps avançait, plus je me laissais emporter par la maladie.
À 13 ans, j’ai passé neuf mois à l’hôpital de jour pour mon anxiété et c’est là qu’on m’a diagnostiqué avec un trouble alimentaire.
À 15 ans, j’ai eu ma première hospitalisation qui a duré cinq mois. J’y suis retourné sept mois plus tard pour environ une période de 3 mois.
Je n’étais pas en mesure d’envisager que c’était correct d’être en bonne santé, car plus je me sentais faible, plus je ressentais de la valorisation à travers mon état.Plus mon corps était maigre, plus j’étais fière de moi alors quand je sortais de l’hôpital je me plongeais encore plus fort et plus loin dans la maladie.
Je suis retourné à l’hôpital durant l’hiver de mes 17 ans et quelques jours avant d’être hospitalisé, je me rappelle avoir été à l’espace Charles Bruneau qui est consacré aux enfants atteint de cancer.
Mes prises de sang étaient désastreuses et on croyait que j’avais une leucémie,
mais c’était l’anorexie qui me rongeait de l’intérieur. A ce moment-là, j’étais convaincue que la maladie ne me faisait pas de tort, que c’était positif.
À mes 18 ans, j’ai repris un poids santé pendant 3 mois et ça m’a terrifié. J’ai ensuite tout perdu et jusqu’à mes 21 ans, je suis resté en dénutrition sévère.
J’ai été hospitalisée deux fois durant cette période, mais je partais de l’hôpital au bout de deux semaines quand tout se stabilisa. Je ne voulais pas rester et je disais que les gens inventaient des maladies que j’avais.
J’ignorais comment j’étais, mais mes os devenaient de plus en plus fragiles et ma santé aussi.
Je continuais à travailler de peine et de misère, je perdais souvent connaissance, je faisais plusieurs visites à l’urgence, mais je ne voulais jamais rester. Je voyais le désespoir dans le visage des médecins, mais je ne voulais rien savoir, je vivais que pour l’anorexie.
Le printemps 2024, la maladie m’a tout pris je n’avais plus de contrôle. Toutes les semaines, j’attrapais des infections à mes doigts. J’ai également perdu presque tous mes cheveux.
Un jour, je n’arrivais plus à me lever de mon lit, mes jambes étaient engourdies et me faisaient terriblement mal. J’étais faible et je n’arrivais plus à rester debout.
Malgré le fait que mon équipe traitante me disait constamment d’aller à l’hôpital, je refusais systématiquement en minimisant mes symptômes.
Un jour, je me suis rendue à un rendez- vous de suivi et je me rappelle qu’on me parlait et tout ce que je disais était en lien avec le fait que je me trouvais grosse.
La maladie m’avait complètement envahie. Je n’étais plus fonctionnelle.
Cette journée-là j’étais tellement fatiguée et juste le fait d’avoir pleuré m’a fait convulser. J’étais certaine que j’allais mourir, je me disais que ça ne servait plus à rien de tenter un nouveau traitement tellement que la maladie était ancrée en moi.
De juin à début novembre, je suis resté à l’hôpital avec une ordonnance de soin. Je n’avais pas le choix sinon j’allais mourir et je peux vous dire que j’ai vraiment sentie la mort me frôler à ce moment-là.
J’ai été nourrie par une sonde gastrique pendant trois mois et demi et les premières semaines n’étaient pas les plus simples.
Je ne voulais vraiment pas être là et je ne comprenais pas pourquoi on m’obligeait à guérir et à manger.
Mon parcours à l’hôpital n’a pas été un long fleuve tranquille, mais le personnel médical m’a sauvé la vie et aujourd’hui je suis reconnaissante d’être en vie.
J’ai compris que je devais me détacher des pensées envahissantes du trouble alimentaire, que c’était nécessaire.
J’ai également dû faire de la rééducation pendant plusieurs mois pour me tenir debout et marcher sans tomber.
Je vois encore à ce jour des physiothérapeutes pour m’aider à reprendre de la force musculaire.
La maladie m’a amené au plus loin, au plus profond et je sais que ça m’a laissé des séquelles. Par contre, je vais tout faire pour continuer à avancer, car au moins je suis en vie et heureuse de l’être.
J’ai continué de persévérer tout le long de mon cheminement et je ferai tout mon possible pour ne jamais retomber aussi bas.
J’ai cru durant des années que l’anorexie était là pour m’aider à être heureuse, mais maintenant je sais qu’elle était là pour me guider vers la mort. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais je ferais tout mon possible pour que mon chemin ne croise plus la maladie.
Par Ève-Laurie Brousseau
Merci pour ton témoignage tu es un ANGE descendu du ciel, les champions de ce monde sont trop souvent silencieux. Merci et je t’encourage à ne pas lâcher car surement sans te rendre compte tu prouve qu »avec de la persévérance on atteint le but visé et de fait je t’invite à écouter OG MANDINO sur you tube au sujet du PLUS GRAND MIRACLE DU MONDE. XOXO