Après une nuit passée à l’aéroport et un vol turbulent, mon copain et moi arrivons enfin à Montréal. Nos premières journées sont passées à revoir famille et amis qui sont impatients d’entendre nos histoires. En m’écoutant parler de mes prises de conscience, plusieurs m’expriment qu’ils ont l’impression que mon voyage m’a changée et ils ont raison; à mon retour, je me sens plus sereine et ancrée qu’à mon départ. Au cours des semaines suivantes, je retrouve ma routine quotidienne. La vie que j’ai laissée derrière moi pour voyager en Europe reprend son cours lentement. Mes sandales de plage sont remplacées par mes bonnes vieilles chaussettes de maison et mes prises de conscience disparaissent tranquillement pour laisser place aux pensées irrationnelles qui me sont si familières. La vision que j’avais de ma personne en Europe se déconstruit et s’effrite.
« C’est justement pour ça que je voulais partir en voyage; c’est toxique ici! » je marmonne en me regardant dans le miroir. J’ai quitté Montréal, ma ville natale, avec la soif de découvrir de nouveaux horizons. Les paysages montréalais ne m’inspiraient plus et ne m’offraient rien d’intéressant. L’Europe a fait renaître en moi mon émerveillement, ma vitalité et m’a permis de redéfinir ce qu’est la vraie beauté. « Je me trouvais dont plus belle là-bas… », me dis-je en soupirant. Pourtant j’ai le même corps, le même visage, la même apparence. Suis-je condamnée à voyager pour le restant de ma vie pour enfin m’accepter comme je suis? Dois-je devenir nomade afin de me sentir mieux dans mon corps et dans ma tête? Bien que cette possibilité me donne l’eau à la bouche, elle demeure peu réaliste; je veux tout de même une vie stable, une carrière et qui sait, des enfants peut-être.
Perdue dans mes pensées, je regarde par la fenêtre de mon appartement. Celui-ci est au 4e étage d’un édifice qui m’offre un vue impeccable du centre-ville de Montréal. « Je suis peut-être un peu trop sévère envers toi, Montréal ». Grand nombre d’Européens choisissent le Québec comme leur destination voyage, n’est-ce pas? Je m’efforce un instant à voir ma ville à travers les yeux des locaux que j’ai rencontrés durant mon voyage. Les femmes seins nues sur la plage de Barcelone, l’homme âgé à la voix d’or de Lisbonne, les deux amies à la beauté naturelle d’Amsterdam de même que la tour Eiffel (si elle était une femme), que diraient chacun d’entre eux de Montréal? Je décide d’en faire l’essai et je passe la journée à visiter les différents quartiers de ma ville : le Vieux-Port, le Plateau, la petite Italie, le quartier portugais. Avant, mes yeux ne voyaient que les affiches publicitaires présentes sur presque toutes les surfaces. Maintenant, ce ne sont plus les affiches que je vois; partout je vois le charme, la tolérance et l’unicité de ma ville. Pourtant, Montréal n’a pas changé, j’ai tout simplement choisi de voir sa vraie beauté au lieu de ses défauts.
Je croyais qu’il me fallait voyager pour trouver la beauté quand Montréal me l’offrait à tous les jours. Parallèlement, c’est seulement en sols étrangers que j’ai pu détourner mon regard de mes propres défauts pour commencer à accepter et apprécier ma vraie beauté. Je réalise maintenant que je ne suis pas condamnée à vivre une vie bohème pour m’apprécier comme je suis. Je constate avec certitude que ma véritable destination beauté est en MOI. La vraie beauté, elle est dans ma ville; la vraie beauté, elle est dans chacune d’entre nous; la vraie beauté, elle est BELLE et BIEN en MOI.