Finies les journées ensoleillées du Portugal! Mon copain et moi sommes déjà en direction d’Amsterdam, la capitale des Pays-Bas, où l’automne est déjà installé. Lorsque nous choisissions nos cinq destinations européennes, il était impératif que nous visitions cette ville célèbre pour ses canaux, ses bicyclettes, ses CoffeeShop et son Red Light District.
Après une première nuit quasi-blanche passée à l’auberge de jeunesse, nous nous sommes levés plus tôt qu’à l’habitude, impatients de commencer notre visite d’Amsterdam. Comme chacun d’entre vous, j’ai un rituel « beauté » matinal; je me douche, je me maquille, je sèche mes cheveux naturellement bouclés et les raidis au fer plat. Mon rituel, mon copain le connaît bien; il m’attend donc patiemment dans le lobby de l’auberge de jeunesse. Trente minutes plus tard, je suis enfin satisfaite de mon apparence et je le rejoins.
Nous décidons de passer notre première journée à tout simplement marcher dans les rues d’Amsterdam, question d’apprivoiser tranquillement cette ville. En observant les passants, je remarque plusieurs similitudes entre les Amstellodamois et les Montréalais. D’une part, les piétons sont nombreux, parlent presque tous au téléphone cellulaire et sont pressés de se rendre à leur destination. D’autre part, leurs cyclistes sont tout aussi agressifs au guidon que nos automobilistes le sont au volant. Malgré ces ressemblances, il me semble que les femmes d’Amsterdam ont quelque chose de différent. Elles m’apparaissent plus authentiques, plus vraies lorsque je leur parle, comme si elles n’avaient rien à cacher. Or, j’ai de difficulté à cerner ce qui, chez elles, me donne cette impression. « Qu’est-ce qu’elles ont de si différent? », je demande à mon copain. Celui-ci me répond bêtement : « Justement, elles t’apparaissent différentes parce qu’elles n’essaient pas d’être différentes. Elles sont naturelles. ».
Je regarde autour moi et tout devient très évident : le visage de ces femmes est libre de fond de teint, de fard et de rouge à lèvres, et leurs cheveux sont à leur couleur et leur état naturel. Pourtant, les publicités de cosmétiques sont bel et bien présentes voire omniprésentes dans les rues d’Amsterdam. Donc, comment ces femmes résistent-elles à ces pressions? Une phrase que mon père me disait lorsque j’étais petite me vient alors à l’esprit: « It takes models a lot of effort to look this natural. ». Oui, c’est ça. Ces femmes ne sont pas naturelles, mais doivent tout simplement empiler les cosmétiques leur donnant une apparence naturelle.
En après-midi, mon copain et moi nous arrêtons dans un café où notre accent québécois se fait rapidement remarquer par deux jeunes femmes assises à la table à côté. Après avoir discuté un temps avec elles, je leur partage mes impressions des femmes d’Amsterdam et j’ose leur demander leur rituel « beauté » du matin. Vous pouvez deviner qu’elles m’ont toutes les deux lancé des regards perplexes, mais une d’entre elles m’a tout de même répondu : « Je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à mon apparence le matin. Je me lave, je me crème, je m’habille et c’est tout ». Je poursuis en lui demandant comment elle réussit à ignorer les publicités nous incitant sans cesse à modifier notre apparence et elle me répond simplement : « Je dois me rappeler que j’ai un choix à faire. Mon amie m’a invité à prendre un café cet après-midi. Je dois choisir entre passer 45 minutes avec elle et passer 45 minutes à soigner mon apparence. Tu peux deviner ce que j’ai choisi? ». Sa réflexion est directe et simple : nous possédons tous le pouvoir de nos choix, que ceux-ci soient difficiles à faire ou non.
Le lendemain matin, j’entame mon rituel « beauté ». Je place ma trousse de maquillage, mon séchoir et mon fer plat devant moi. Sans hésiter, mon copain quitte la chambre pour se diriger vers le lobby de l’auberge de jeunesse où il m’attendra pour trente minutes, une fois de plus. Je le regarde s’éloigner et je me regarde ensuite dans le miroir. J’y vois des cheveux grichoux, des yeux cernés, une peau décolorée. Je vois aussi une personne qui a le pouvoir de faire un choix, de changer les choses, de vivre autrement. Tout comme le dicton « À Rome, faites comme les Romains », à Amsterdam, je choisis de faire comme les Amstellodamoises. Je rattrape mon copain, lui prends la main et lui dis : « Un café avant de commencer notre journée, ça te tente? ».
Bravo, excellent commentaire! Une telle réflexion me rejoint et va à l’encontre de tous ces organismes oeuvrant pour une soit-disant «saine alimentation» et voient des obèses partout…. Encore dernièrement, j’entendais une personnalité connue s’indigner devant le pourcentage élevé d’obésité chez les jeunes. C’est drôle, quand je me promène dans les rues, j’observe, et j’en vois presque pas. C’est certain que je suis sensibilisé plus que la moyenne aux troubles alimentaires et de leurs incroyables conséquences, en tant que père, mais j’en reviens pas cette obsession autour de l’apparence. Il me semble que la pression sociale devrait avoir une limite… Ce coup d’oeil sur la vie quotidienne à Amsterdam est intéressant et même rassurant à cet égard.
Merci!
Pierre Laverdure