Je quitte Montréal à la découverte de l’Europe en apportant dans mes bagages une maîtrise enfin terminée et une soif de nouveaux horizons qui ne ressemblent en rien à un écran d’ordinateur. Mon copain et moi avons précisément 31 jours pour visiter 5 pays. Notre première destination? Barcelone, Espagne.
J’étais face à une décision très importante : comment souhaitais-je passer ma première journée en Europe? Comme toute personne ayant vécu les hivers arides que nous réserve le Québec, mes premières pensées ont été pour la plage. Je voulais sentir le sable chaud sous mes pieds, le soleil sur mon visage et l’eau salée sur mes lèvres. J’ai bien crémé mon teint pâle et me suis dirigée d’un pas enthousiaste vers ma première activité. Or, pendant ma marche, des pensées négatives envahissaient sournoisement mon esprit, tels des échos lointains chuchotant « est-ce que je suis assez en forme/tonifiée/mince? S’il est vrai que les Européennes sont séduisantes et belles, comment vais-je me comparer à elles? Peut-être devrais-je tout simplement garder ma camisole et mon short. Oui c’est ça, je serai probablement plus confortable de toute façon ». Tout aussi sournoisement, mon enthousiasme a diminué, mon pas a ralenti, mon sourire s’est effacé.
Arrivée à destination, j’ai balayé des yeux la plage à la recherche d’un endroit un peu caché où étendre ma serviette. C’est alors que mon regard s’est arrêté sur une maman dans la trentaine qui se baignait seins nus dans l’océan avec ses deux jeunes enfants; elle riait aux éclats pendant qu’elle les arrosait d’eau. Elle portait les nombreuses marques laissées par la grossesse (vergetures, abdomen et seins pendants), preuves que le corps a donné vie à un être humain précieux. Je trouvais cette femme splendide, merveilleuse, radieuse. Insouciante du regard des autres, ce qui lui importait à cet instant était le moment présent, le plaisir qu’elle éprouvait à passer du temps avec ses enfants. Mon regard s’est ensuite posé sur une femme dans la soixantaine et une autre dans la vingtaine, elles aussi seins nus sur la plage. Elles discutaient en sirotant une bière, se comportant comme si elles étaient vêtues de la tête aux pieds. Elles ne tentaient pas de se placer dans une position pour mettre leur corps en valeur et n’évitaient aucunement les positions moins flatteuses; elles étaient ce qu’elles étaient en cet après-midi ensoleillé, et c’est précisément ceci qui les rendait si belles à mes yeux.
Je me suis étendue sur ma serviette et j’ai réfléchi. D’un côté, j’enviais l’audace de ces femmes, leur confort avec leur corps et leur insouciance. De l’autre, j’étais profondément attristée par ma résignation initiale de demeurer vêtue sur une plage à Barcelone par peur du jugement des autres. J’étais aussi en colère contre les standards de beauté stricts qu’imposent les médias et qui m’amènent trop souvent à limiter mon être à mon paraître. Je me suis dit qu’il était bien temps que je donne un peu d’attention à mon être. Sur ce, j’ai enlevé ma camisole et mon short pour enfin vivre l’expérience que j’avais choisi de vivre aujourd’hui. Mon corps était ce qu’il était à ce moment, dans cette ville, dans ce pays, sur ce continent et il était beau dans son unicité, tout comme celui des trois femmes plus tôt. Je n’étais peut-être pas seins nus sur la plage comme elles, mais « chaque chose en son temps »…
Avez-vous vous-mêmes vécu une expérience, un événement qui a élargi ou changé votre perception de la vraie beauté?
Avez-vous ou prévoyez-vous prendre des risques en lien avec votre image corporelle?
J’aimerais bien vous entendre à ce sujet!
Julie Bourgeois
bravo Julie, tu as choisi de regarder la réalité..toute nue ;-), tu aurais pu choisir de chercher les top modèles sur la plage pour t’enfoncer un peu plus sous ta serviette. Plutôt que ça tu as choisi de regarder de voir et ça t’a libéré ..un petit peu plus. Tu n’es pas la seule, on le fait toutes un peu chaque jour quant on choisi de s’aimer au lieu d’obéir aux conditionnements. Encore bravo ma chouette. Tu es dans la bonne direction
Haha! ok définitivement, tu as un point. La semaine dernière je passais en révision une liste de « choses à apporter » en prévision d’un voyage au Pérou. Mes yeux se sont particulièrement arrêter devant : maillot de bain.. je me suis dit : hey! relax! vous allez être entre sherpa et lamas.. pas.. en Californie! Cependant, je crois que une partie de moi avait quand même un peu peur a l’idée du costume de bain.. mais au fond, j’ai vraiment pas envie de me torturer l’esprit une fois de plus avec cette histoire de : je suis pas assez ou qu-est-ce que ci! J’aurai donc une petite pensée pour toi la bas et vais tenter de passer cette pensée sous silence!
Merci!
Bonjour!
Je découvre votre blog ce soir.
De mon côté, les vacances riment non seulement avec la peur du bikini mais aussi du maillot « nageuse », du short, du débardeur, des jupettes… Je vis mal avec mon corps. J’arrive, quand je suis entourée d’étrangers à me détendre mais si je pars avec des proches (mes parents, mes beaux-parents, des oncles, tantes, etc.), impossible de me laisser à aller. Je reste coincée dans mes jupes qui frolent le sol et les pantalons en lin. Le maillot c’est juste à la piscine et sur la plage et encore avec un paréo… En fait, je ne regarde pas les autres et perso, je me fout pas mal de ce à quoi ils ressemblent mais je n’arrive pas à gérer le regard des autres. J’admire donc le fait que tu te sois libérée!
Merci énormément pour vos commentaires Mesdames! TA ou non, nous sommes tous confrontés à nos insatisfactions corporelles et celles-ci s’avèrent souvent plus aigues lorsqu’on se dévoile physiquement et émotionnellement. En réplique à vos encouragements, je vous encourage à mon tour à poursuivre vos réflexions et vos discussions sur ce sujet, et de commencer/continuer à prendre des risques! N’oubliez pas qu’il est tout aussi important de parler de nos fiertés que de nos difficultés 🙂
Bonne poursuite à vous toutes.