« L’enfer c’est quand tout sera parfait. » – Jean Rostand
… j’ajouterais à cela: et vouloir être parfait, c’est l’enfer!!
Rationnellement parlant, nous savons tous que nous ne sommes pas « parfaits », que la perfection est rare, voire inatteignable. Certains acceptent ce constat, parce que dans la vie c’est « comme ça ». D’autres en sont conscients mais font des pieds, des mains, et parfois même des seins pour s’approcher de cette dite perfection.
Mais qu’est-ce que la perfection?? Ahhhh! Quel grand questionnement philosophique! J’ai soudain eu envie de me prendre pour un philosophe de la Grèce Antique et de me poser des « ti-questions un ti-peu existentielle ».
J’aimerais savoir exactement quand et comment nos modèles féminins et masculins de perfection et beauté sont arrivés en ville. Mais si l’exercice peut paraître évident, décrire le ou les modèles de perfection n’est pas chose facile tant ceux-ci peuvent être teintés de la culture, de l’époque, de la perception personnelle, des goûts et des expériences. Certes, il y a des incontournables « standards » de beauté dans notre société; des corps, des tours de tailles, des longueurs de jambes, des creux de coudes sur lesquelles ont se comparent pour savoir si on s’approche du « range » de ce qui est parfait, idéal. Une fois notre modèle détecté, on commence à mettre en œuvre des stratégies pour s’en approcher. Va-t-on l’atteindre un jour? ….Ou est-ce que notre petit hamster intérieur va rouler sans fin dans sa roue, toujours à la recherche de plus, plus, plus?
J’aurais tendance à croire que la plupart des gens n’exige pas la perfection chez les autres. Même qu’on préfère presque lorsque ceux qui nous entoure ne sont pas parfaits physiquement, intellectuellement, moralement : « ça les rends plus humains! ». Alors pourquoi recherchons-nous encore la perfection que ce soit dans notre façon de se coiffer, de se tenir assis les fesses bien serrées, de s’exprimer!
À perfection s’oppose imperfection. Ah, l’imperfection, ce mal aimé! Autant on accepte difficilement que la perfection est quasi impossible, autant on refuse aisément que l’imperfection fait partie de nous. Petit paradoxe.
Imperfection. C’est quoi l’imperfection?
Imperfection : de ce qui n’est pas parfait. Yeah right…Peut-on faire mieux que cette définition? L’imperfection, n’est-ce pas, entre autre, notre condition ou notre qualité d’être humain? Ce qui nous distingue les uns des autres? Ce qui nous rend unique, authentique? Et oui, l’imperfection fait partie de nous, c’est déjà un peu plus « vrai » que la perfection. Peut-être que notre véritable imperfection est de toujours vouloir être parfait?
Laissons donc parfois notre petit hamster intérieur arrêter sa course vers la perfection et sortir de sa roue quelques minutes par jour et apprivoiser les choses « imparfaites » qui se trouvent autour de lui.
« C’est une perfection de n’aspirer point à être parfait. » – Fénélon
Et comme moi aussi je veux faire de la philosophie :
«Si nous ne pouvons enrailler le mot parfait, utilisons le seulement pour le Parfait aux fraises! » – Hélène Dion
Merci, un gros merci pour cette réflexion sur notre angoisse de la perfection. Présentement ça me parle particulièrement.