L’autre soir, j’étais dans un rassemblement familial. Évidemment, les gens ont parlé de poids : « Félicitations pour ta perte de poids», « Moi, pendant mes vacances dans le sud, j’ai pris du poids». Un des discours m’a énormément marquée, et me voilà en train d’écrire un article pour en parler !
Une femme dans le début de la cinquantaine racontait que sa sœur l’appelait « toutoune » (pour elle, ce mot signifiait «grosse ») lorsqu’elle était enfant et adolescente. Imaginez vous donc que cette jeune fille a commencé à faire des régimes amaigrissants parce qu’elle croyait qu’elle était grosse. Elle ne cessait de dire dans son anecdote, qu’à cette âge, elle était mince mais qu’elle se voyait autrement, c’est-à-dire grosse. Je pense que le sentiment qui m’est venu à l’esprit est la tristesse. J’étais triste d’entendre qu’un simple surnom, qui se voulait pour sa sœur un mot d’amour, sans intention négative, a pu l’affectée autant. Tellement, qu’elle en parle encore à l’âge adulte en disant qu’elle se sentait insultée.
L’image corporelle dans le passé
Qu’est-ce que l’être humain a pour être autant obsédé par son poids? Oui, il y a les médias et les normes sociales qui nous influencent, mais dans les années 60-70, les gens avaient beaucoup moins accès à tout cela. Par contre, malgré le fait que les réseaux sociaux étaient moins présents, il y avait autant de pression par rapport à l’apparence. Ma grand-mère m’a déjà confié qu’elle n’aimait pas aller à la plage parce qu’elle ne considère pas avoir de belles jambes, sans compter que ma mère a suivi une panoplie de régimes depuis l’âge de 16 ans.
Tu dis, je dis, tu fais, je fais.
Outre les médias, existe-il d’autres sources d’influence ? Les gens autour de nous, évidemment ! L’enfant apprend par imitation. Il idolâtre ses pairs qui sont plus vieux, qu’il considère avoir un certain pouvoir. Dans cet ordre d’idées, il retient tous les commentaires par rapport au poids et s’en fait sa propre représentation. Par exemple, si un parent fait souvent des commentaires par rapport à son poids ou sur ce qu’il mange, comme se plaindre que ses bras ne sont pas assez musclés et qu’il les compare à des ailes de poulet, l’enfant intègre ces paroles et comportements et peut ensuite les répéter et en être à son tour obsédé. Il faut donc être conscient de ce que l’on projette à travers nos paroles et comportements.
Peut-on y remédier?
Bref, cette histoire m’amène à me questionner sur les raisons de cette obsession si importante par rapport à l’image de notre corps. Parce que, sans même avoir eu accès à tout ce que nous avons accès maintenant (médias sociaux, web, etc.), la jeune fille a quand même été affectée par une expression qui était banale aux yeux de sa sœur. Mon but est de vous conscientiser quant aux mots que nous utilisons dans notre quotidien. Certains mots peuvent nous sembler normaux, c’est-à-dire qu’ils n’ont aucune signification qui pourrait affecter négativement quelqu’un. Un mot comme « toutoune » peut être utilisé couramment, mais dans notre culture nord-américaine, cette expression est généralement associée à un individu ayant, selon la norme, un surpoids. Des paroles comme celle-ci peuvent affecter certaines personnes à adopter des comportements malsains vis-à-vis leur corps et la nourriture. Être conscient de la portée de nos messages est un premier pas pour changer la situation.
Cassandra Radeschi, étudiante au bac. en sexologie et bénévole chez ANEB