Le 31 mai dernier, j’ai eu la chance de rencontrer Mme Louise Dugas, Rédactrice en chef culture, reportage, style de vie du magazine Elle Québec, dans le cadre de la Journée sans maquillage. Ce fut une rencontre des plus inspirantes! J’ai vraiment découvert une femme sensible, authentique et engagée qui m’a fait part de sa position sur le sujet.
La Journée sans maquillage est une initiative québécoise qui existe depuis 3 ans. Quelle a été votre réaction lorsqu’on vous a approchée au tout début pour faire un numéro spécial sans maquillage?
Lorsqu’on m’a approchée pour photographier des vedettes québécoises sans fard ni retouche dans le cadre d’un documentaire diffusé à Canal Vie, j’ai tout de suite pensé que c’était une opportunité extraordinaire, un sacré beau défi! Cette démarche s’inscrivait naturellement dans mes convictions personnelles ainsi que celles de l’équipe du magazine. Cela représentait pour nous une occasion en or d’apporter une petite pierre à l’édifice de l’estime de soi des femmes. Je sais que le maquillage fait du bien, je ne suis pas contre le maquillage, au contraire, mais je considère indispensable de réfléchir sur notre dépendance aux artifices et sur l’omniprésence d’un modèle unique de beauté. Il y a une sincérité derrière cette démarche parce que j’ai 50 ans et que je pense aux adolescentes qui nous lisent. J’ai toujours cru qu’on pouvait faire un magasine mode beauté avec un tant soit peu de conscience sociale.
Quelles ont été les réactions face à votre initiative?
Dans le milieu, elles sont unanimes. Plein d’organismes qui œuvrent pour l’estime de soi des femmes nous appuient! Et je suis fière de voir que les lectrices sont derrière nous et comprennent notre démarche. Elles nous écrivent à chaque année pour nous remercier de le faire.
Par contre, il y eu quelques critiques : « C’est de la schizophrénie, car vous survivez grâce aux maisons de beauté et aux annonceurs de la mode! », nous dit-on. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas le faire! Les avantages liés à cette initiative dépassent largement, à mon avis, ces quelques critiques réfractaires.
Qu’est-ce que ça vous a fait de vous faire filmer sans maquillage dans le cadre du documentaire Démasquées… les beautés, avec Marie Plourde, diffusé à Canal vie?
Comme j’ai déjà dit à la radio, je me suis sentie comme un phoque qui venait de croiser un ours polaire : une petite chose fragile! Puis j’ai pensé : mais je vais avoir l’air de Yoda en HD! Et je me disais aussi que je n’aurais pas tellement l’air professionnel. Moi, rédactrice en chef du magasine Elle Québec, pas maquillée, à la télévision! J’y ai pensé par deux fois! J’étais terrorisée, mais je l’ai fait parce que je voulais être conséquente avec la démarche qu’on a entreprise il y a quelques années. Mais est-ce que c’est un challenge? Bien sûr! Il faut se pincer le nez et plonger sans y penser!
Avez-vous eu de la difficulté à recruter des personnalités québécoises pour être photographiées sans fard?
Ça été beaucoup plus facile que je pensais! De toutes les raisons pour lesquelles j’ai demandé à des artistes de se faire photographier, c’est la cause qui a été la plus facile à défendre.
La première année a peut-être été plus difficile en ce sens que j’ai eu 4 ou 5 refus, étonnamment des vedettes plus jeunes. Peut-être par manque d’assurance.On se sent plus confiante à 40 ou 50 ans qu’à 25. Certaines vedettes qui nous ont dit oui l’ont fait pour leurs filles, ou leurs petites filles, même!
Quel message aimeriez-vous transmettre aux femmes, dans le cadre de la Journée sans maquillage?
Il n’y a personne qui se lève le matin et qui a l’air d’une top model, pas même une top model, pour paraphraser Cindy Crawford. C’est le fun le maquillage, c’est ludique, ça fait du bien, mais il faut être capable de se regarder dans le miroir au naturel et de se trouver belle. Vous êtes belles… point.
Geneviève Dumont, coordonnatrice clinique à ANEB
Crédits photo : www.ellequebec.com