Salut, moi c’est Véro.
J’ai 28 ans et plus de rêves que de souvenirs. J’aime les tournesols, les pleines lunes et la texture du vent. Je suis fascinée par les oreilles d’éléphant. J’habite une maison-atelier dans laquelle je prends soin de ma solitude, de mes projets de création et de mes amitiés. Je suis écrivaine, performeuse, lectrice de rue, animatrice d’ateliers et organisatrice d’événements culturels. Je suis aussi grande voyageuse et funambule du dimanche.
La plupart du temps, j’écris, je lis, je réécris ou je répète. Il m’arrive de peindre et de danser. Souvent j’éclate en larmes et souvent j’éclate de rires. Tous les matins j’ouvre les stores et j’écoute la lumière. Tous les matins je ferme les yeux en dégustant le silence de ma première gorgée de café. Tous les matins je me rappelle que je suis tellement vivante.
J’ai eu peur de mourir tu sais.
C’est arrivé sans bruit. C’est arrivé très vite. Je veux dire, en six mois j’ai dégringolé et je me suis retrouvée disparue. Anéantie, abattue. Puis en quatre ans je suis remontée. De la mort à la vie. Lentement. Pas à pas. Avec beaucoup de reculs et d’échecs. En ne voyant aucune lumière, au bout, en haut, nulle part. Mais j’ai l’imagination très fertile et un jour j’ai pensé tant pis je vais faire comme si, comme si l’espoir était là, et puis je vais foncer. C’est ça. C’est ce moment-là qui a fait le plus mal. Ce passage à vide pendant lequel je me suis arrêtée. Pour prendre de l’aide et de l’élan. Pour revenir. Pour grimper tout éraflée en apprenant à m’ouvrir. En apprenant à dire salut moi c’est Véro et c’est comme ça que je suis. Épuisée mais entêtée. Morcelée mais ranimée. Imparfaite mais présente. Si tant tellement présente.
Maintenant ça fait deux ans que je revis.
Et c’est un peu tout ça, le noir, le retour, dont j’ai envie de te parler. J’en ai fait un livre de 133 pages. J’en ai fait un spectacle de 60 minutes. Ça ce sont mes affaires de poète et de conteuse mais c’est pour dire à quel point j’ai eu besoin de raconter. Et de le répéter encore tu comprends.
C’est dans cette idée-là que j’ai bien voulu, jouer un peu à la blogueuse. 4 septembre 2014 et puis tadam voilà une autre étoile dans le calendrier des comingouts de l’année. À partir d’aujourd’hui je publierai ici quelques billets. Pour toi. Pour moi. Dans l’ordre inverse probablement. Je ne suis pas encore certaine de la direction que je vais emprunter ou des détours que je vais oser seulement je sais que c’est d’une écriture en jaune bonbon dont j’ai envie. D’une écriture qui me fait sourire en coin en t’exprimant que le gros méchant monstre est vaincu. Que l’anorexie elle est toute toute toute partie. Que ça se peut. Que ça a fait mal partout où ça a passé mais que c’est bel et bien possible d’exister sans cette maladie accrochée à l’esprit et au corps et à l’âme. Bin oui ça se peut. J’ai envie de l’écrire simplement même si au fond c’est tellement compliqué. De rassembler les morceaux. De ficeler les bonnes lignes et de marquer les bons mots.
C’est ça vivre anyway.
Allez. Il ne me reste qu’à dire suis-moi et on verra ok. C’est ça vivre anyway. Juste essayer par là et au feeling rebrousser ou poursuivre ou s’enfarger ou s’essayer plutôt ainsi.
Salut, moi c’est Véro. J’ai 28 ans et plus de rêves que de souvenirs. Toutes les secondes je respire. Je respire pour le fun de saisir chaque instant et d’espérer que ça ne s’arrête pas avant que j’aie 100 ans.
Véronique Bachand