18 ans… l’âge adulte. L’âge de la liberté. L’âge des responsabilités. L’âge de ma rechute…
Je suis devenue libre de mes décisions et ma décision fut malheureusement la mauvaise. Je fis le choix de cesser de manger. Reperdre tout le poids gagné. Aller bien en dessous d’un poids santé. Écouter cette voix à l’intérieur de moi qui ne cesse de me répéter que je suis d’une grosseur aussi infinie que l’océan. Me perdre dans le néant. Me perdre dans mes idées. Ne plus avoir envie d’exister parce que j’ai trop honte et je suis trop terrifiée. J’ai honte de mon corps, honte de ma personnalité trop renfermée, honte d’être moi.
Et je suis terrifiée à l’idée de devoir avancer. Avancer dans mes études. Avancer dans ma carrière. Avancer dans ma vie personnelle. Avoir un copain sérieux. Fonder une famille. Terrifiée à l’idée d’échouer dans toutes ces facettes de ma future vie. Terrifiée à l’idée d’aimer et d’accepter d’être aimé…et donc l’envie de me résigner.
Ne pas confronter. Me laisser aller. Ne plus manger. Me dissiper peu à peu. Devenir si petite qu’on ne me verra plus. Puis lorsqu’on ne me verra plus, je n’existerai plus. Mon cœur aura cessé de battre dans ma poitrine, dans mon trop faible et petit corps. Mais les peurs il faut les confronter. Alors je choisi de manger. J’assume mon âge adulte et je fais preuve de maturité en décidant de m’accepter telle que je suis; dans mon corps et dans ma tête.
Or, j’ignore encore qui je suis. Je l’ignore, car j’ai toujours refoulé mes opinions, mes émotions, pour mieux me résigner à adopter le mode de pensée d’autrui, pensant qu’ainsi je serais plus acceptée. Que l’on ne pourrait pas me juger. Alors maintenant je dois apprendre à me découvrir. Apprendre à m’affirmer. Apprendre à m’aimer. Je dois lutter contre l’anorexie qui ruine ma vie. Lutter contre sa voix qui ne cesse de me dicter comment je pourrais être plus acceptée. Lutter contre sa voix qui ne cesse de me mentir. Car la réelle acceptation de soi ne passe pas par le chiffre sur la balance ni sur la non affirmation. Elle passe par la découverte de ses goûts, ses intérêts, ses talents et sur le fait d’assumer ceux-ci. Sur le fait de se forger des opinions. De ne pas avoir peur de les dévoiler à haute voix. Finalement sur le fait de pouvoir dire : « J’aime le fait de respirer. C’est bon manger. ».