Tout individu possède un dialogue interne. Ses propres pensées voguant au fil du temps à travers ses expériences de vie. Elles prennent plusieurs formes et varient selon notre humeur, les contextes, les gens avec qui nous sommes, etc.
Parfois la voix est encourageante. Elle croit en toi et te dit que tu peux y arriver. Elle te rassure lors de tes moments anxieux et te rappelle que tout sera correct, au final. Elle t’enrobe d’une compassion réconfortante et de douceur. Elle prend le temps de t’écouter et sait que tes erreurs te permettront d’avancer, qu’elles sont nécessaires pour évoluer. Elle te regarde avec amour et inspiration. Elle prend un plaisir fou à te voir réussir chaque petit pas vers tes objectifs.
Par contre, à d’autres moments… Elle est rude et froide. Elle déchire tes espoirs en mille morceaux. Elle brûle à vif ta confiance et tes désirs. Elle t’observe vivre des échecs en riant aux éclats. Elle se fait un malin plaisir à te voir tomber. Elle espère au plus fort de ses capacités que tu n’y arriveras pas. Elle hurle lorsque tu tentes de lui répondre enfin. Elle pèse lourdement sur tes épaules et fait tous les efforts possibles pour te ralentir, pour t’empêcher de réussir. Elle te le dit constamment : «tu ne vaux pas la peine», «t’es si stupide», «regarde-toi l’allure»… Elle fait tout pour t’enchainer avec elle. Elle se nourrit de tes pertes, de ton isolement, de ton mal-être.
Ces deux voix sont bien distinctes, mais s’approchent d’un seul et unique aspect : toi. Elles t’habitent toutes les deux. La première, enrichissante et bienveillante, t’accompagne tout au long de ton développement en tant qu’être humain. Elle représente ta propre entité, ton besoin de survivre et de trouver un bien-être. C’est l’environnement malsain, les commentaires désobligeants, les insultes et critiques non constructives, les inégalités, les standards impossibles à atteindre et la pression sociale qui empiètent sur elle. Peu de pensées négatives sont fondées sur notre propre entité. Elles viennent majoritairement d’influences externes.
Il est possible de donner plus de place à l’une ou l’autre de ces deux voix. Laquelle prend plus de place chez toi actuellement? En es-tu satisfait? La mérites-tu?
Laisse-moi t’aider. Personne ne mérite la torture que la deuxième voix inflige. Personne ne mérite de se sentir moins que rien au quotidien. Personne ne mérite de vivre des comportements malsains par soi-même ou autrui pour arriver à entrer dans le moule. Personne ne mérite le désespoir face à ses objectifs, sa propre personne, ses capacités. Personne, au grand jamais, ne mérite de vivre que par cette deuxième voix.
Pense au dernier moment où tu t’es senti léger émotionnellement. Au dernier moment où tu as vécu de l’excitation face à un événement à venir. Au dernier moment où tu n’avais pas de craintes face à demain, face à ton apparence. Pense au dernier moment où ton innocence prenait le dessus, où tu croyais en toi-même. Tu y es? Super. Maintenant, tente d’y rester quelques secondes. Permets-toi de croire en toi. Permets-toi de te sentir invincible, soutenu, capable.
On ne peut pas y rester indéfiniment. La deuxième voix, celle qui perd son temps à vouloir t’attirer vers le malheur, et bien elle reviendra toujours quelque temps. Par contre, c’est possible d’apprendre à retrouver la voix paisible plus souvent, et même la majorité du temps. Tu peux y arriver et des ressources existent pour te guider.
Je crois en ta capacité de changer et en tes forces. Je crois en fait que tu la mérites, cette douce voix.
– Élisabeth Nolan, intervenante sociale à la Maison L’Éclaircie