J’écris ce billet de blogue aujourd’hui afin de démontrer aux gens qui vivent présentement cette situation qu’il est réellement possible de s’en sortir.
À la recherche de la perfection
Je me présente Alicia Audy, alias la petite fille qui visait toujours l’atteinte d’objectifs et la perfection dans tout ce qu’elle faisait. Durant mon enfance, j’ai toujours cherché à viser l’excellence. Au secondaire, j’étais le type d’adolescente qui avait des notes parfaites, plein d’amis, qui ne consommait aucune drogue… bref, vous imaginez le genre. Malgré quelques problèmes d’estime de soi (comme beaucoup d’adolescent.e.s de cet âge), j’étais une jeune fille joyeuse qui rayonnait de bonheur. Cependant, toujours à la recherche de la perfection inatteignable, l’année du secondaire 5 a été plus difficile pour moi. Lorsqu’est venu le temps de dire adieu au secondaire pour choisir la suite de mon parcours, je ne savais pas quel métier choisir. Je voulais trouver un domaine qui rejoignait mes intérêts tout en m’assurant de ne pas décevoir mon entourage. J’avais l’impression que tous mes amis avaient trouvé leur but, alors que moi je me sentais un peu perdue. Ceci a été hyper difficile pour mon estime. Avec l’habitude de toujours vouloir le contrôle sur tous les éléments de ma vie, j’ai commencé à défouler mes émotions dans l’entrainement et les restrictions alimentaires. Voulant être « parfaite » pour le fameux bal des finissants, je me suis donc mis à me surentrainer durant les derniers mois de mon année scolaire afin d’avoir le contrôle de la seule chose sur laquelle j’avais encore l’impression d’avoir le dessus : mon corps. Tombant dans le cercle vicieux qu’est l’anorexie, la situation s’est aggravée durant l’été.
Face à l’inatteignable
En août, ayant perdu le contrôle de moi-même, j’ai finalement dû faire face à mon trouble alimentaire lorsqu’une ambulance m’a apportée à l’hôpital en pédopsychiatrie. N’étant plus qu’un frêle squelette avec un cœur qui battait très lentement, j’ai été diagnostiquée : anorexie sévère. Même si j’étais consciente que ce combat serait difficile, je me suis motivée à le gagner en pensant à ma mère et mes amis proches. Afin de reprendre le dessus sur ma santé physique et mentale, j’ai du passé 3 mois à l’hôpital. Bien que cette étape ait été difficile, la réelle épreuve pour moi fût la sortie de ma thérapie. Alors que j’avais encore des problèmes d’ostéoporose, de perte de cheveux et bien d’autres, je me suis aperçue que ma santé allait avoir besoin d’encore beaucoup de temps pour complètement se remettre de ce chapitre. De plus, habitant à Thetford Mines, petite ville de peu d’habitants, j’avais l’impression que les gens ne voyaient que la fille qui sortait de l’hôpital lorsqu’ils me croisaient. Ne voulant qu’oublier cette partie de ma vie au plus vite et recommencer à zéro, j’ai décidé sur un coup de tête de déménager seule à 17 ans dans la ville de Québec. Cette décision spontanée fut la meilleure que j’ai pu prendre, en ne pensant qu’à moi, sans avoir peur de l’opinion des autres, pour une fois.
Le début d’une nouvelle vie
Bien que cela n’ait pas toujours été facile à travers les années, je suis devenue de plus en plus forte, jour après jour. Je me sens maintenant complètement en paix avec celle que je suis. Abandonner cette constante recherche de la perfection pour décider de m’accepter fût mon plus grand accomplissement à ce jour. Commençant maintenant mon BAC en administration des affaires, j’ai trouvé le domaine qui me passionne. Bien que cette partie de ma vie fût une grande épreuve, je ne regrette rien de tout ce que j’ai vécu, car j’ai fait un énorme travail sur moi-même. Je suis maintenant reconnaissante chaque jour d’être en vie et en santé. Je tiens à partager mon histoire afin de démontrer qu’il est réellement possible de s’en sortir. Moi-même je n’aurais jamais cru possible un jour d’être aussi bien dans ma peau que je le suis aujourd’hui. Pour moi, s’accepter soi-même et abandonner la perfection, c’est dire bienvenue au bonheur dans sa vie.
Alicia Audy