Le tableau des régimes et des modes alimentaires change constamment, comme les autres aspects de la société. Autrefois, le régime Atkins, celui de la soupe au chou et celui aux pamplemousses faisaient fureur. Aujourd’hui, on entend très peu (et c’est tant mieux!) parler de ces drôles de styles alimentaires. Les régimes évoluent, mais est-ce pour le mieux?
Avant d’aller plus loin, il faut comprendre que pour certains, le fait de pratiquer le jeûne intermittent ou encore de se jeter corps et âme dans un régime alimentaire cétogène leur a apporté une révélation. Ils sont bien là-dedans. Tant mieux pour eux, le but de cet article n’est pas de dénigrer leur type d’alimentation. Mais je ne partage pas cette vision d’un rapport alimentaire sain.
Quand on souffre d’un trouble alimentaire ou qu’on en a déjà souffert, l’attrait d’essayer une nouvelle mode alimentaire est parfois très fort. On en oublie les côtés négatifs, car le fait d’avoir de nouvelles règles socialement acceptées, voire valorisées, est plus qu’attirant. Le végétalisme, même s’il a d’autres motifs que le contrôle du poids, attire-lui aussi les personnes vulnérables, soit les personnes entretenant une relation conflictuelle avec leur poids. En ce sens, il faut demeurer très vigilant avant de décider de couper tous les produits animaux, car le fait d’avoir des restrictions sur certains aliments peut malheureusement avoir le triste impact de réveiller un côté sombre de soi.
Même si au départ, les motifs et intérêts envers cette « nouvelle approche » paraissaient sains et non liés au poids, il est trop fréquent que cela glisse vers une préoccupation excessive et autodestructrice envers les aliments.
Est-ce que tous les adeptes du régime cétogène ou du végétalisme souffrent secrètement d’un trouble quelconque sur le plan de leur alimentation ou de leur image corporelle? Non. Est-ce fréquent? J’ai l’impression que oui, plus que l’on pense.
Cela veut-il dire qu’aucune mode, aucun régime, aucune règle alimentaire ne devrait être envisagé lorsque notre relation avec la nourriture est troublée, ou l’a été? Je répondrais que oui, pour notre bien. Lorsqu’on a souffert d’un trouble du comportement alimentaire, toute règle concernant l’alimentation devrait être évitée, et ce, à vie. Car non seulement le risque est trop grand, mais, entre toi et moi, il n’est pas nécessaire de s’imposer un cadre si strict pour un acte qui devrait être à la base beaucoup plus simple… se nourrir, avec plaisir et selon les signaux de son corps. Et si l’envie de manger plus de ceci ou moins de cela te prend, demande-toi si c’est réellement une bonne idée pour toi ou si tu ne serais pas en train de glisser vers une nouvelle norme sociale qui disparaîtra d’ici quelques années.
En terminant, j’attire ton attention sur le végétalisme, car ce courant est indéniablement différent du régime cétogène et du jeûne intermittent, eux-mêmes très distincts. Il va de soi qu’il existe plusieurs avantages à diminuer sa consommation de produits animaux. J’abonde en ce sens. Mais parfois, le fait de s’imposer une étiquette (par exemple, être végétalien) amène la personne à vivre cette nouvelle identité alimentaire d’une façon peu saine, et je crois qu’il est important de s’interroger sur ses réelles motivations avant de se lancer dans une quelconque nouvelle norme alimentaire. D’ailleurs, il est toujours bon de te questionner en cours de route, car tu es la seule personne à savoir si cela te convient réellement.
Et si tu te libérais des étiquettes alimentaires?
Texte par
Stéphanie Thibault Dt.P. Nutritionniste
Directrice des cliniques NutriSansChichi
www.nutrisanchichi.com