Bien que la saine alimentation fasse partie intégrante de nos conversations tout au long de l’année, avez-vous déjà remarqué que la thématique de la nutrition refaisait surface à chaque année tout près du début du printemps? En effet, chaque année en mars, on souligne le mois de la nutrition. La nutritionniste en moi est toujours heureuse de voir apparaître, à cette période de l’année, de magnifiques initiatives sur la saine alimentation dans les médias ou ailleurs.
Cette année, j’aimerais profiter du mois de la nutrition pour inviter tous et chacun à prendre quelques instants afin de réfléchir à la relation qu’ils ont avec la nourriture. On l’oublie souvent mais cette relation est à la base de nos habitudes alimentaires. Dès notre plus jeune âge, nous établissons une relation avec nos aliments. Cette relation est modulée tout au long de notre vie en fonction de nos expériences, positives ou négatives, comme l’attitude des adultes modèles ou des gens qui parcourent notre vie envers les aliments, les expériences positives ou négatives des repas en famille ou entre amis, etc.
Certaines personnes développent ainsi des façons de s’alimenter différentes. Prenons par exemple la rigidité alimentaire qui fait appel à un concept visant à maintenir une alimentation très stable, à contrôler tous les aliments qui sont consommés et ceux qui ne doivent pas faire partie de l’alimentation. On pourrait penser qu’il est bénéfique pour la santé de maintenir une alimentation stable en tout temps. Mais qu’en est-il vraiment?
Être rigide vis-à-vis de son alimentation, installer plusieurs interdits et avoir une approche de « tout ou rien » peut avoir un effet non souhaitable sur notre alimentation. Alors que l’objectif d’être rigide est de « tout contrôler », ces interdits mènent souvent à la surconsommation et au « dérapage ». Par exemple, si j’adore le chocolat et que je m’abstiens d’en manger coûte que coûte, il est fort probable que la fois où il ne me sera pas possible de me retenir d’en manger, j’en mange une boîte au complet, et non seulement un ou deux morceaux. La surconsommation d’aliments que l’on s’interdit entraîne bien souvent un sentiment de honte et de culpabilité. C’est ici que la relation avec la nourriture devient problématique puisque chacun devrait pouvoir ressentir du plaisir à manger et à découvrir de nouveaux aliments plutôt que de la honte et de la culpabilité.
S’il y a un seul concept que j’aimerais que tout le monde retienne c’est que tous les aliments ont leur place dans le cadre d’une saine alimentation. Bien sûr on privilégie les aliments avec une valeur nutritive élevée au quotidien mais les aliments un peu moins nutritifs ou d’occasions ont aussi leur place. C’est en éliminant les interdits et en adoptant une alimentation plus flexible qu’on peut favoriser une bonne relation avec la nourriture.
Cette année, le mois de la nutrition a pour thème « Relevez le défi des 100 repas – faites de petits changements, un repas à la fois ». Pendant le mois de mars, je vous invite donc à relever le défi des 100 repas mais d’une façon un peu différente. Je vous invite à prendre une petite pause à chacun de vos « 100 repas » du mois pour essayer de prendre conscience de la relation que vous avez avec les aliments que vous vous apprêtez à consommer. Cette relation est-elle positive, harmonieuse? Prenez-vous plaisir à déguster ces aliments? Que pourriez-vous faire comme petit changement, un repas à la fois, pour améliorer cette relation?
Bon mois de la nutrition!
Andréanne Tremblay-Lebeau, nutritionniste
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