Ça faisait un bon moment qu’on entretenait une relation amour-haine, elle et moi. Puis, il y a quelques années, je l’ai fait. J’ai jeté ma balance.
Pas parce que j’en avais envie. Pas parce que c’était le bon moment. Parce que c’était le seul moyen.
C’était le seul moyen pour arrêter de la laisser décider si j’allais passer une bonne ou une mauvaise journée. Si c’était un « bon » chiffre, j’étais heureuse, satisfaite et je me sentais forte. Si c’était un « mauvais » chiffre, je me sentais incapable, coupable et je broyais du noir. Mon état d’esprit reposait littéralement sur un écart d’une livre ou deux.
C’était le seul moyen pour me libérer de cette habitude malsaine que j’avais de me peser deux, trois, quatre fois par jour: à jeun, après le diner, les cheveux secs, les cheveux mouillés, juste pour me confirmer que mon poids n’avait pas trop bougé.
C’était le seul moyen pour cesser d’attendre un chiffre magique qui ne viendrait jamais et qui, au fond, ne veut rien dire du tout.
Qu’est-ce que le poids au juste?
C’est un chiffre qui peut grimper de quelques livres après un repas, puis redescendre par la suite. C’est un chiffre qui dépend de ce qu’on porte, du moment de la journée, de la quantité d’eau qu’on a bue. C’est un chiffre qui sera plus élevé chez quelqu’un qui s’entraîne car les muscles pèsent près de deux fois plus que le gras. C’est un chiffre. Point.
Pourquoi vouloir à tout prix « quantifier » notre corps et en contrôler chaque gramme? Car, dans notre société de compétition, on nous a appris à se fier au résultat et à rien d’autre. Surtout pas à comment on se sent. Au même titre qu’on ne dit pas je fais de l’exercice, je suis en santé, on dit je cours un 10 km, un demi-marathon, un marathon. On ne dit pas je suis bien dans ma peau, on dit je pèse tant.
Mais, est-ce que ce chiffre est un reflet de ce que je suis ? Est-ce qu’il tient en compte de l’étincelle que j’ai dans mes yeux, du sourire qui illumine mon visage, ou des éclats de rire que j’ai parfois ?
Non.
Parce que c’est un chiffre, et rien de plus.
Et ce chiffre, 70% des femmes voudraient le voir baisser alors que bien souvent elles ont un poids normal.
Un non-sens, vous dites?
Ne laissez jamais la balance influencer votre humeur, votre estime de vous-même et encore moins vos choix alimentaires. Ne soyez pas esclaves de la balance.
À la suite de la semaine « Le poids? Sans commentaire! », une initiative de l’organisme ÉquiLibre, à l’aide de plusieurs partenaires dont Anorexie et Boulimie Québec, je vous encourage non seulement à cesser de parler du poids des autres, mais surtout du vôtre. Car on est souvent bien plus critique envers nous-même qu’envers quiconque.
Mais pour arrêter d’en parler, il faut arrêter d’y penser sans cesse.
Alors, qu’attendez-vous pour la jeter?
Marie-Joëlle Poirier, finissante au baccaulauréat en nutrition
Merci pour cet article, pour la réflexion que ça me porte à avoir. Je suis du même avis mais en même temps, je ne suis tellement pas prête à jeter ma balance… peut-être un jour!